Un nouveau rapport de la Cour des comptes européenne sur la politique européenne en matière d'hydrogène renouvelable met en avant les objectifs « irréalistes » de production, tout en saluant le cadre réglementaire mis en place.
En mai 2024, l’étude Sisyphe menée par le CEA suggérait une demande en hydrogène bas carbone largement surestimée en Europe aux horizons 2030 et 2040. Alors que le plan RepowerEU fixe un objectif de consommation de 20 millions de tonnes par an d’hydrogène renouvelable au niveau européen à l’horizon 2030, l’étude table plutôt sur une demande de 2,5 millions de tonnes en 2030 et de 9 millions en 2040. Le rapport de la Cour des comptes européenne sur la politique européenne en matière d’hydrogène renouvelable, publié en juillet 2024, salue le cadre juridique mis en place, mais dénonce à son tour des objectifs « irréalistes en matière de production et d’importation d’hydrogène » de production.
Selon le rapport, « les objectifs de l’UE s’avèrent trop ambitieux ». Les États membres n’ont pas tous fixé leurs propres objectifs. « Lorsqu’ils l’ont fait, ces objectifs nationaux n’étaient pas nécessairement alignés sur ceux de la Commission », déplore la Cour des comptes européenne.
Hydrogène renouvelable ou bas carbone ?
Les objectifs de l’UE concernent uniquement l’hydrogène renouvelable, soit celui produit à partir d’électricité renouvelable ou de biomasse. La Commission n’a fixé aucun objectif en matière d’hydrogène bas carbone au niveau de l’UE. Selon la définition de l’UE, l’hydrogène bas carbone « est celui qui provient de sources non renouvelables et qui émet au minimum 70 % de gaz à effet de serre en moins que les combustibles fossiles sur la totalité de son cycle de vie ».
Concernant l’hydrogène renouvelable, le rapport pointe différentes difficultés : des problèmes d’efficacité liés à l’électrolyse, un coût de production qui n’est pas encore compétitif, des besoins en électricité renouvelable et en eau importants et des besoins en infrastructures de transport et de distribution. Côté hydrogène bas carbone, « un acte définissant la méthode d’évaluation des réductions des émissions de gaz à effet de serre pour l’hydrogène bas carbone est toujours en suspens », pointe le rapport. En particulier, il faudra préciser la place accordée à l’hydrogène bas carbone produit à l’aide de gaz naturel avec captage et stockage du carbone dans la stratégie européenne. « Des efforts en matière de normalisation et de certification sont encore nécessaires », précise la Cour des comptes européenne.
Le financement de l’UE au développement de l’hydrogène est toutefois important. « Pour la période 2021-2027, le financement total de l’UE en faveur de projets liés à l’hydrogène est actuellement estimé à 18,8 milliards d’euros », calcule la Cour des comptes européenne. Elle regrette néanmoins que la Commission ne dispose pas d’une vue d’ensemble complète des besoins. Face à une multitude de programmes de financement de l’UE différents, assortis de règles diverses, il lui est difficile de déterminer celui qui est le mieux adapté à un projet donné. La Cour des comptes européenne recommande donc à la Commission d’établir une feuille de route à l’échelle de l’UE et de suivre les progrès réalisés. Elle lui préconise « d’obtenir des données fiables sur les financements nationaux et d’évaluer l’adéquation des modalités de financement de l’UE en conséquence ».
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