C’est une réalité physique : la chaîne hydrogène est inefficiente. L’électrolyse fait perdre 30% de l’énergie électrique et la compression 15%. Si l’hydrogène obtenu est ensuite utilisé dans une pile à combustible, 55% de ce qui reste est perdu. Le bilan d’un cycle complet est alors de 20 à 30% selon l’ADEME.
C’est une réalité sociale : les salariés des centrales nucléaires d’EDF ne veulent pas perdre leurs emplois. De même que les salariés du secteur gazier. C’est enfin une réalité politique : la Loi française impose de réduire la part du nucléaire de 75% à 50%. Et il suffit d’augmenter la production électrique globale (au lieu de diminuer la production nucléaire) pour que la part du nucléaire baisse. C’est mathématique.
Selon un rapport récent d’EDF et d’entreprises notamment issues de l’industrie Oil&Gas « en 2050, l’hydrogène pourrait représenter 20 % de la demande d’énergie en France, alimenter 18 % du parc de véhicules et ainsi contribuer à réduire les émissions de CO2 de 55 millions de tonnes ». Dans cette perspective les co-auteurs du rapport souhaitent que la France investisse la bagatelle de 800 millions d’euros par an d’ici 2028. « En 2030, l’hydrogène destiné aux transports, aux bâtiments et à l’industrie serait produit à 90% à partir de sources sans carbone, que ce soit par électrolyse centralisée ou distribuée ou par vaporéformage du biométhane ou du gaz naturel allié au captage du carbone ».
Autrement dit l’hydrogène sera produit par électrolyse avec l’électricité des centrales nucléaires (« électrolyse centralisée ») et, dans une moindre mesure, hydroélectriques. ORANO (ex-AREVA) commercialise des électrolyseurs. Les employés des centrales nucléaires EDF peuvent ainsi être rassurés. Et l’hydrogène sera aussi produit par reformage du gaz fossile à 900°C. Les gaziers peuvent aussi être rassurés. Tout le monde est content.
Pendant ce temps-là, en partenariat avec le CEA, un « bateau à hydrogène », très présent dans les médias, suggèrera aux Françaises et aux Français que l’hydrogène est d’origine solaire et éolienne. En France la part de l’éolien et du solaire est très modeste comparativement à celle de ses voisins européens.
La France fait fausse route solaire.
Jean-Gabriel Marie
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