Un hydrate de méthane est un mélange congelé d’eau et de méthane. On en trouve partout autour du globe, notamment dans les sédiments sous les fonds océaniques, aux abords des plateaux et sur les talus continentaux, ou sur terre, sous le permafrost. Ce composé stables sous des conditions de température et pression très particulières est facilement inflammable. Dès que ces conditions sont bouleversées, les hydrates se séparent en eau et méthane. Leur extraction est donc très difficile. Extrêmement difficile même, mais très convoitée. En effet, un mètre cube d’hydrate de méthane peut libérer 164 mètres cube de méthane. Cela en fait un combustible à forte intensité énergétique. Il y a encore mieux. Les réserves mondiales contiendraient plus de carbone que les gisements connus de pétrole, gaz et charbon réunis.
La Chine, en tête du cortège pour en extraire
Suite à la catastrophe de Fukushima, le Japon a été pionnier dans ce domaine pour trouver une nouvelle source d’énergie. Mais la Chine, les Etats-Unis, le Canada, l’Inde et la Corée du Sud veulent aussi avoir leur part du gâteau. Et la Chine semble aujourd’hui aussi bien avancée. Le 18 mai, le ministère chinois du territoire et des ressources a annoncé avoir extrait une quantité beaucoup plus importante que lors des tests pratiqués par les autres pays.
L’extraction a eu lieu à 1.266 mètres de profondeur dans un puits sous-marin de 200 mètres en mer de Chine méridionale. La presse chinoise a annoncé qu’en moyenne 16.000 mètres cubes de gaz avaient été extraits chaque jour, pendant 8 jours consécutifs. Les hydrates de méthane étaient purs, avec une teneur en méthane de 99,5% Selon le site américain Ars Technica, la technique utilisée a impliqué des machines « pour dépressuriser ou fondre [l’hydrate de méthane] sur le fond de la mer et canaliser le gaz vers la surface ». D’autres tests sont à venir pour étudier d’autres méthodes d’extraction.
Un cauchemar pour le climat ?
La route est encore longue avant une exploitation commerciale. Au plus tôt, celle-ci devrait voir le jour en 2025. Les défis sont encore nombreux pour arriver à une exploitation sans impact environnemental majeur. Le risque principal concerne des fuites de méthane, qui pourraient amplifier le réchauffement climatique. Le méthane a en effet un pouvoir de réchauffement global 23 fois supérieur au CO2. Par ailleurs, les scientifiques craignent que ce type d’exploitation cause d’importants glissements de terrain sous-marins sur le talus continental, entraînant des tsunamis majeurs.
Les hydrates de méthane sont une énergie fossile. Si leur extraction était compétitive, leur utilisation contribuerait à amplifier le réchauffement climatique. Néanmoins, ils pourraient être intéressants s’ils remplaçaient le charbon et le pétrole dans les pays émergents fortement consommateurs. On peut notamment penser à la Chine, à l’Inde. Mais s’ils faisaient baisser le prix mondiale de toutes les énergies fossiles et en absence d’une taxe carbone forte, ils pourraient surtout menacer le développement des énergies renouvelables.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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