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Hinkley Point C : le CCE d’EDF rend copie blanche

Posté le 8 juillet 2016
par La rédaction
dans Entreprises et marchés

Le Comité central d’entreprise (CCE) d’EDF a décidé le 4 juillet de ne pas se prononcer sur le projet de centrale nucléaire de Hinkley Point C en Angleterre. Son avis était attendu par la direction de l’électricien français avant de donner la décision finale d’investissement. Les conséquences du Brexit ne semblent pas inquiéter le groupe public.

« Délai extrêmement court et inadapté à un projet d’une telle ampleur », telle est la justification du CCE d’EDF pour justifier l’absence d’avis sur le projet Hinkley Point C. « La Direction d’EDF a fait le choix de refuser la communication des éléments d’information et documents demandés par le CCE et ses experts, et n’a apporté que quelques réponses très partielles et insuffisantes à ses questions », ajoute le CCE dans un bref communiqué. Son avis étant consultatif, la direction d’EDF a désormais les coudées franches pour annoncer une décision finale d’investissement à la rentrée.

Brexit

Les controverses sur le projet Hinkley Point C sont désormais de notoriété publique (voir ici ou ). Les doutes sur l’opportunité d’un tel investissement outre-Manche ont même atteint les plus hautes sphères du groupe avec la démission de Thomas Piquemal, directeur financier, en mars dernier. Des voix se sont élevés pour demander à la direction de repousser la prise de décision afin de mieux tirer profit des retours d’expérience des chantiers EPR existants. Une prudence qui se heurte à une volonté politique de voir aboutir ce dossier rapidement, notamment par la voie du ministre de l’Economie Emmanuel Macron.

Le Brexit complique un peu plus encore une situation qui n’était déjà guère à l’avantage des promoteurs du projet. Malgré des annonces rassurantes, les conséquences économiques et financières de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sont encore impossibles à prévoir, de sorte que tout investissement massif est sujet à davantage d’incertitudes. De surcroît quand l’investissement est réalisé en livres sterling (18 milliards £ pour les deux EPR) alors que le financement sera réalisé en euros (EDF a décliné les garanties du Trésor britannique). Une fois n’est pas coutume, Paris scrute avec intérêt le chaos politique issu du referendum britannique et attend la constitution du nouveau gouvernement pour confirmer son feu vert, d’ici septembre selon des sources proches du dossier.

Pour rappel, le projet Hinkley Point C prévoit la construction de deux EPR dont la mise en service est prévue pour 2025-2026. Cette centrale devra aider le Royaume a diminuer son empreinte carbone en fournissant 7% de la consommation britannique. Jean-Bernard Lévy, président d’EDF, rappelle à l’envi que le contrat signé avec les Britannique sera très profitable avec un MWh garanti à 92,5 livres sur 35 ans. Un prix très au-dessus du marché actuel mais qui ne variera pas en cas dépassement des coûts.

Par Romain Chicheportiche


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