Dans le secteur de l’hydrogène, les piles à combustible jouent un rôle crucial pour la mobilité et l’approvisionnement de certains réseaux électriques. HDF Energy a fait le choix des piles de forte puissance, qui seront fabriquées près de Bordeaux dès 2025.
Les annonces de nouveaux sites industriels en France sont encore assez rares pour s’y attarder. Fin mai, la société HDF Energy a inauguré sa première usine de fabrication de piles à combustible à Blanquefort (Gironde). Une étape clé pour l’entreprise bordelaise dont les initiales signifient Hydrogène de France et dont l’ambition est de décarboner la mobilité lourde maritime et ferroviaire, ainsi que la production d’électricité pour les réseaux électriques publics, trois vastes marchés mondiaux de solutions de production d’électricité à base d’hydrogène et d’énergies renouvelables.
L’usine a été installée sur l’ancien site de fabrication de boîtes de vitesse de Ford, là où se tenait le « terrain des circuits », dans la Métropole de Bordeaux. Sur 7 000 m2, HDF Energy va déployer sa capacité à produire des piles à combustible de forte puissance. « L’inauguration de l’usine a eu lieu fin mai, les process industriels sont en cours de finalisation et la production de présérie doit démarrer début 2025. Nous fabriquerons d’abord des piles de 1 MW puis nos programmes de R&D et d’industrialisation permettront d’élaborer une gamme de piles jusqu’à 10 MW. À partir de 2030, l’usine devrait atteindre une capacité annuelle de production de 1000 MW » explique Hanane El Hamraoui, directrice industrielle et directrice générale adjointe de HDF.
Un marché mondial
Créée en 2012 par Damien Havard, HDF Energy a marqué les esprits avec ses premières réalisations que sont ClearGen en Martinique et CEOG en Guyane. La première est une pile à combustible de 1 MW produisant 7 TWh d’électricité par an à partir d’hydrogène non valorisé provenant d’une raffinerie. Il s’agit d’un projet unique en son genre. La seconde est à l’image des centrales électriques à hydrogène que HDF veut développer : 55 MWc de solaire photovoltaïque sont couplés à un électrolyseur de 16 MW pouvant produire 600 tonnes d’hydrogène par an. Avec des batteries stationnaires en plus, la capacité de stockage est de 128 MWh. Enfin, deux piles à combustible de 1,5 MW chacune permettent d’injecter de l’électricité en permanence sur le réseau, même la nuit. Le projet de cette centrale électrique de l’Ouest guyanais, en cours de construction, pourra ainsi produire annuellement 50 GWh d’électricité, à tout moment, et 100 % renouvelable.
« Nous avons désormais plusieurs projets de ce type de centrales Renewstable® en développement, soit sur des sites isolés et des zones où il faut remplacer des centrales au fioul, soit dans des pays avec beaucoup d’énergies renouvelables. HDF Energy est ainsi présent sur les cinq continents, notamment au Mexique, dans les Philippines, en Indonésie, dans plusieurs pays d’Afrique, en Grèce et en Océanie » précise Hanane El Hamraoui.
La pile à combustible est au cœur de ces centrales. Celles de CEOG ont été fabriquées par Ballard Power System, une entreprise canadienne spécialisée dans les piles de forte puissance de type PEM, à forte maturité technologique et capables d’avoir une durée de vie de 25 ans. En vue d’avoir sa propre autonomie de production, HDF Energy a signé en 2019 un accord de partenariat avec Ballard, pour pouvoir fabriquer ses propres piles à combustible à Blanquefort.
En plus du marché des centrales électriques, HDF Energy vise également celui de la mobilité lourde maritime et ferroviaire. Dans le maritime, il est encore difficile de savoir vers quelles solutions décarbonées se tourneront les armateurs (hydrogène ou produits dérivés de l’hydrogène tels que l’ammoniac ou les e-fuels), mais HDF Energy peut proposer une solution innovante pour les auxiliaires de puissance et la propulsion de bateaux, ainsi que la fourniture d’électricité propre aux navires à quai. HDF Energy adresse ce marché au travers de partenariats stratégiques, comme avec ABB Marine and Ports, leader mondial de l’électrification des navires. Dans le ferroviaire, les options sont plus restreintes, ce qui va permettre à HDF d’annoncer bientôt la part de marché qu’elle visera sur les 100 000 locomotives au diesel existantes dans le monde, qui pourraient être remplacées par un système de propulsion à hydrogène.
Soutien public et perspectives de croissance
L’usine à Blanquefort verra donc 80 % de sa production partir à l’export pour alimenter ces différents marchés. Certifiée BREEAM « very good » pour son impact environnemental, elle représente un investissement de 20 millions d’euros pour HDF. Elle a été appuyée par la Région Nouvelle-Aquitaine dès 2018. Très récemment elle a aussi été soutenue par la Commission européenne qui a approuvé le financement du projet industriel de HDF Energy par l’État français dans la cadre de la vague Hy2move du financement PIIEC (Projet Important d’Intérêt Européen Commun) Hydrogène. Au niveau international, la Banque mondiale et le Green Climate Fund ont aidé au financement du projet de la centrale électrique Renewstable® d’HDF à la Barbade.
Ces soutiens publics sont nécessaires, car pour l’instant, dans sa phase de développement, HDF Energy est encore déficitaire, à hauteur de 7,8 M€ en 2023. Néanmoins, grâce à son introduction en Bourse sur Euronext en 2021, elle dispose de fonds suffisants pour continuer ses projets. Dès 2024, HDF espère d’ailleurs que leur concrétisation permettra de booster son chiffre d’affaires. Ce dernier pourrait à terme représenter 12 à 17 % des 5 milliards d’euros de projets en portefeuille actuellement.
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