Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong posait le pied sur la lune devant 600 millions de téléspectateurs. Pour fêter ce 45e anniversaire, le groupe de recherche National Security Archive a publié un article basé sur des documents militaires déclassifiés, dévoilant des projets américains abandonnés utilisant la lune durant la Guerre Froide.
L’URSS lance Spoutnik 1, le premier satellite en orbite autour de la Terre le 4 octobre 1957. Pour ne pas se laisser distancer dans la conquête de l’espace, les Etats-Unis créent la NASA en 1958. Mais celle-ci peine à concurrencer les grandes premières spatiales de l’URSSS : premier satellitte en 1957, premier homme dans l’espace le 12 avril 1961… L’opinion publique américaine craint la suprématie des soviétiques dans l’espace.
Bombarder la lune ?
En 1958, le gouvernement américain lance donc un projet secret pour faire exploser une bombe nucléaire sur la lune ou dans son voisinage. Visible depuis la Terre, la déflagration aurait montré la force de frappe américaine, impressionnant les Soviétiques et la population américaine.
Les scientifiques prévoyaient de viser la face cachée de la Lune, pour que la poussière projetée par la détonation soit éclairée par le soleil, et soit ainsi visible depuis la Terre. « La motivation d’une telle détonation présente clairement un triple objectif: scientifique, militaire et politique », peut-on lire dans le rapport d’étude rendu par le physicien Léonard Reiffel en juin 1959. « Des effets positifs spécifiques reviendraient à la première nation exécutant un tel exploit, comme une démonstration de sa capacité technologique de pointe », précise-t-il.
Mais le plan est abandonné en janvier 1959, car l’armée estime que les risques sont trop importants, comparés aux avantages. Les militaires craignent notamment les risques liés à la radioctivité résiduelle à la surface de la lune ou en cas d’explosion au lancement.
Installer une base militaire lunaire ?
L’armée amériaine a étudié entre 1959 et 1961 la possibilité d’établir une base militaire sur la lune. Le nom de code de l’opération : Projet Horizon. Cette base aurait servi de plate-forme pour développer des techniques de surveillance de la terre et de l’espace, mener des opérations à la surface de la lune, installer une base de lancement pour bombarder la Terre ou encore installer des relais de communications. L’étude s’intéresse aux techniques de construction de la base, aux communications, aux véhicules lunaires et aux transports nécessaires, mais aussi aux aspects politiques, économiques et juridiques.
« Etre deuxième, après l’Union soviétique à établir un avant-poste sur la lune, serait désastreux pour le prestige de notre pays et pour notre philosophie démocratique. Bien que cela soit contraire à la politique des États-Unis, si l’Union soviétique établissait la première base permanente, elle pourrait réclamer la lune ou des zones critiques de celle-ci », indique le premier volume du rapport du Projet Horizon.
D’autres documents s’intéressent à l’installation d’un observatoire de renseignements basé sur la lune. La lune aurait ainsi servi de relais pour les communications de Washington vers les bases militaires d’Hawaii ou vers les navires espions américains. Cette base aurait également servi à surveiller l’Union Soviétique.
L’ensemble de ces projets montre à quel point les responsables militaires de l’époque étaient obnubilés à l’idée de prouver leur supériorité sur le camp soviétique. Pendant la Guerre Froide, la lune a donc eu bien chaud !
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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