Le 27 mars, peu après 7h du matin, une trentaine d’activistes de l’ONG environnementale Greenpeace ont déversé près de 3.000 litres de mélasse devant le siège de Total, à la Défense. Simulant une marée noire grâce à ce sous produit du raffinage du sucre, ils dénoncent les risques pesant sur l’écosystème de l’embouchure de l’Amazone dans l’Océan Atlantique.
En janvier 2017, Greenpeace révélait les premières images du récif de l’Amazone. « C’est un biome unique que nous avons pu documenter, fait de différentes espèces de coraux, d’éponges et de rodolithes, où vit une quantité incommensurable de poissons et autres espèces marines, dont certaines seraient inconnues jusqu’alors », fait savoir l’association. S’étalant sur plus de 9.500 km2, seulement 5% du récif serait connu.
Des pétroliers entrent dans la danse
Les industriels ont acquis 5 blocs pétroliers, à proximité du récif de l’Amazone, en face des côtes de l’Etat d’Amapá. S’il voit le jour, le puits le plus proche se situerait à seulement 28 km du récif. Pour Total, cette distance est suffisante et l’enquête publique a montré l’absence d’impact de ses futures opérations. Le pétrolier français attend les dernières autorisations nécessaires auprès des autorités brésiliennes pour lancer le premier puits d’exploration cette année. Au contraire, Greenpeace souligne que ces forages ultra-profonds, à 2.500 mètres, rejetteront des boues et des gravats qui pollueront la zone du récif.
Sans compter les impacts que feraient subir une marée noire. Une telle catastrophe menacerait le plus grand écosystème de mangroves continu au monde situé dans le Parc national du Cabo Orange, au nord de l’Etat d’Amapá. « Aucune technologie ne permettrait de nettoyer une marée noire dans cette région », souligne l’association environnementale. Sa pétition a déjà recueilli plus de 860.000 signatures.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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