C’est ainsi que le groupe Anglo-néerlandais Royal Dutch Shell (RDS) après s’être doté d’un nouveau dirigeant, aux modes de gestion assez décapants, avait abandonné un vaste projet de conversion de gaz en produits pétroliers liquides (GTL) qu’il devait installer dans le Golfe du Mexique. Décision financière et industrielle, au demeurant, assez incompréhensible, compte tenu de l’abondance locale de gaz naturel peu onéreux et de la demande croissante de gazole et de kérosène dans le monde. De plus, RDS est copropriétaire depuis 2007 à 50% de plus de 350 000 acres (1400 km2) avec Encana dans la zone de gaz de schistes de Haynesville et qui compte, selon l’EIA, une cinquantaine de forages en activité.
Ce champ situé à cheval entre le Nord de la Louisiane et l’Est du Texas, localisation qui rendait le projet GTL d’autant plus attractif. Le Wall Street Journal nous apprend que la Direction de RDS pourrait, suivant la logique de son désengagement du projet GTL, céder ses droits de propriété sur Haynesville au Groupe d’investissement Black Rock pour une somme autour du milliard de dollars. Il semblerait que l’acquéreur ait l’intention de valoriser la ressource, proche des côtes du Golfe du Mexique, par l’exportation de gaz vers l’Europe ou l’Asie sous forme de Gaz liquéfié, là ou les prix du gaz naturel sont 3 à 5 fois supérieurs aux cours du gaz américain.
Compte tenu de l’enjeu économique et stratégique, il est fort probable que le gaz américain liquéfié va constituer, dans les décennies à venir, une importante source d’énergie alternative au gaz russe pour les pays de l’Europe de l’Ouest, et cela malgré les productions dispendieuses et folkloriques d’hydrogène ou de biogaz allemand. (Je ne peux m’empêcher de croire que les difficultés économiques rencontrées en ce moment par l’Allemagne et qui vont impacter la Zone Euro, sont imputables, pour une large part, à la délirante et ridicule politique énergétique de se dirigeants.)
Mais la nouvelle la plus importante dans le domaine des gaz de schistes américains, regarde les nouvelles productions en forte croissance du champ d’UTICA (Carte) qui sont maintenant reportées mensuellement dans les statistiques de l’EIA. Ce gisement de gaz de schiste situé au Nord-est des Etats-Unis, en large partie au-dessous du prolifique champ de Marcellus, présente un démarrage des extractions de gaz particulièrement dynamique. Nul doute qu’une part de ces extractions abondantes de gaz dans l’Est des Etats-Unis, méritera d’être un jour exportée vers l’Europe.
Pour comprendre l’enjeu économique des exploitations de gaz de schistes américains, il me semble indispensable d’intégrer, parmi d’autres paramètres, la probable future exportation à bon prix d’une partie de ces extractions de gaz.
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