Décryptage

Google teste des liaisons optiques pour apporter le haut débit en Afrique

Posté le 5 octobre 2021
par Philippe RICHARD
dans Informatique et Numérique

Alphabet, la maison mère de Google, a mis fin au projet Loon en début de l'année. Mais les enseignements tirés de ce projet d’accès à l'Internet par des ballons ne sont pas perdus. Avec son projet Taara, le groupe expérimente une liaison optique sans fil à haut débit en République démocratique du Congo.

Toute la planète n’accède pas à l’Internet et encore moins au très haut débit. Selon l’étude annuelle Digital Report 2021, publiée par Hootsuite et We Are Social, 59,5 % de la population mondiale peut accéder au Web. En 2020, la vitesse moyenne de connexion à une ligne fixe est de 96,43 Mbps (+31,1 % en un an).

La Thaïlande obtient le meilleur score pour une ligne fixe, avec une vitesse de connexion moyenne estimée à 308,35 Mbps. C’est le Nigeria qui enregistre la moins bonne performance avec 16,07 Mbps.

C’est la raison pour laquelle des géants comme Google et Facebook se sont lancés dans des projets permettant de connecter à l’Internet des millions d’habitants de régions isolées en Afrique. Mais si les projets semblent séduisants sur le papier, leur pérennité reste à démontrer.

Haut débit au-dessus du fleuve Congo

Le projet Aquila de Facebook, reposant sur des drones fonctionnant à l’énergie solaire, a été abandonné en 2018 faute de rentabilité. En 2019, Google s’était associé à l’opérateur télécom kenyan pour son projet Loon (imaginé dès 2013) qui ambitionnait d’apporter la 4G grâce à d’énormes ballons plutôt que d’installer de coûteuses antennes-relais.

Mais le projet n’a pas abouti, faute d’un modèle commercial durable et de partenaires suffisants.  Il n’est pas pour autant enterré. Toute l’expérience acquise avec Loon sur les liaisons de communications optiques sans fil (« Wireless optical communications » – WOC) va être mise au service d’un nouveau projet.

Baptisé Taara, ce projet vise à combler le fossé de connexion entre Brazzaville, en République du Congo, et Kinshasa, en République démocratique du Congo. Les deux villes sont séparées par le fleuve Congo et ne sont distantes que de 4,8 kilomètres.

C’est peu, mais les coûts de connexion terrestres sont prohibitifs. Les FAI locaux devraient installer suffisamment de fibres optiques pour couvrir 400 kilomètres autour du fleuve. En reposant sur les WOC, le projet Taara, permet de déployer une liaison optique point à point de 20 Gbps au-dessus du fleuve Congo.

Les contraintes météo

Le système WOC présente plusieurs avantages par rapport au système de communication RF en raison de la longueur d’onde plus courte de son fonctionnement. Dans la communication optique, la largeur de bande utilisable est presque 105 fois supérieure à celle du système de communication RF.

L’alignement du récepteur et de l’émetteur est donc très important pour obtenir la qualité de service. Par ailleurs, ces communications WOC sont fortement affectées par la brume et le brouillard en raison de la forte atténuation des signaux optiques. Les variations aléatoires de température pendant la journée entraînent une variation aléatoire de l’indice de réfraction de l’air. Cette turbulence atmosphérique entraîne aussi une variation aléatoire de l’intensité dans le récepteur.

Pour relever ces défis, l’équipe de Taara a donc développé des outils de planification de réseau qui peuvent estimer la disponibilité du WOC en fonction de divers facteurs comme la météo. Résultat, une disponibilité de 99,9 %.

Comme toute autre méthode de connexion à l’Internet, Alphabet affirme que la communication optique sans fil n’est pas une solution universelle. Elle peut combler les lacunes lorsque des méthodes plus rapides et plus fiables (comme la fibre optique) ne sont pas réalisables.


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