Le reportage de France 5 à l’origine de la polémique est disponible ici.
L’émission n’a pas tardé à faire réagir le COFEPAC (Comité Français de l’Emballage Papier Carton) qui a dénoncé « les multiples manipulations de l’information » présentées dans le reportage et une volonté de donner (encore une fois) une image caricaturale et négative des sites industriels.
De son côté, l’entreprise CEE Schisler Packaging Solutions, accusée à tort, dans le reportage, d’utiliser un film plastique en surface de son gobelet carton Earth Cup® s’est également vivement défendue.
Mais au-delà de la polémique, revenons sur la nécessité ou pas, d’utiliser des matières plastiques dans la fabrication de gobelets en carton.
Pourquoi le carton n’est pas utilisable seul
Le carton est un matériau formidable, mais il présente des fonctions barrières moins performantes qu’un plastique. En effet, parce qu’il est composé de fibres de cellulose, le carton est naturellement perméable à l’eau, aux graisses et à l’oxygène. Dans ce cas, comment fabriquer des gobelets en carton étanches ?
Pendant longtemps, la solution a consisté à enduire le gobelet d’une fine couche de plastique, généralement en polyéthylène (PE) ou en PLA. Mais soyons clairs. Si les gobelets multicouches classiques sont recyclables dans la filière papier carton, la présence du film plastique complique le recyclage.
Par ailleurs, en France, la teneur maximale en plastique est réglementée par l’arrêté du 24 septembre 2021. La teneur maximale autorisée était de 15 % au 1er janvier 2022 et celle-ci est passée à 8 % au 1er janvier 2024. Mais au 1er janvier 2026, la loi va, de fait, imposer la suppression de ces films, puisque le taux maximal sera (en théorie) de 0 %.
Earth Cup : un gobelet carton « sans film plastique », mais qui contient bien une quantité minime de polymères
Ça peut sembler être un détail technique, mais il ne faut pas confondre ajout d’une pellicule plastique et fonctionnalisation d’une surface par un polymère thermoscellant. Dans le premier cas, le revêtement est un film, c’est-à-dire un matériau « massif », entièrement composé d’une couche de plastique de quelques dizaines de micromètres d’épaisseur.
Dans le second cas, celui d’Earth Cup, il y a déposition de polymères acryliques, en petite quantité. Mais quelle est la différence ? Acrylique, PE ou PLA sont tous des plastiques, non ? En fait, c’est bien plus complexe qu’il n’y paraît, car le terme « plastique » est extrêmement vague et trompeur.
En effet, il y a des plastiques issus du pétrole, mais aussi des plastiques biosourcés. Et certains plastiques sont biodégradables, mais pas forcément dans tous les milieux, alors que d’autres ne le sont pas du tout.
C’est justement l’avantage du gobelet Earth Cup. En plus d’être recyclable dans le flux des papiers et cartons (la faible quantité de plastique ne perturbe pas le process de recyclage), Earth Cup est aussi compostable à domicile, puisqu’il a obtenu la certification OK Compost Home. Le gobelet Earth Cup a même obtenu la certification « Biodégradable et Non toxique » en milieu marin !
Moins de jetable, plus de réutilisable, mais en gardant la tête froide
Toutefois, il faut se rendre à l’évidence, à l’ère de l’économie circulaire, le tout jetable n’est pas non plus une solution. Il est bien évidemment important de revenir à un certain bon sens, c’est-à-dire utiliser des gobelets jetables, qu’ils soient en plastique ou en carton, uniquement lorsque l’utilisation d’une tasse, d’un verre ou d’une gourde n’est pas possible.
Car n’oublions pas la règle des 5R : avant de chercher à Recycler ou Rendre à la terre, c’est-à-dire composter, la priorité est d’abord de Réduire les déchets et de Réutiliser au maximum.
Néanmoins, il n’est pas constructif de sans cesse opposer les solutions (plastique VS carton, recyclable VS biodégradable) et stigmatiser les pratiques (jetable VS réutilisable).
Mais il est surtout triste de s’en prendre à des entreprises françaises transparentes, qui font un réel effort pour proposer des solutions innovantes, certifiées et contrôlées, alors qu’en France circulent des tonnes de gobelets en carton d’importation qui ne font pas l’objet de contrôles…
Taper sur les industriels français qui innovent et respectent la loi n’est donc bon pour personne, pas plus pour l’économie du pays que pour l’environnement.
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