La Commission s'entête à proposer un renouvellement du glyphosate, l'herbicide le plus utilisé au monde et notamment présent dans le Roundup de Monsanto. Elle n'envisage toujours pas de stratégie de sortie, comme le souhaite la population européenne et plusieurs Etats. Explications.
Le feuilleton dure depuis deux ans. Mais les choses s’accélèrent en cette fin d’année puisque la licence européenne du glyphosate expire le 15 décembre. À l’approche d’un nouveau vote, le Parlement européen s’était prononcé le 24 octobre pour une sortie programmée du glyphosate en 5 ans, incluant une extension (et non un renouvellement) de trois ans maximum. Le lendemain, alors que la Commission européenne prévoyait toujours un renouvellement de dix ans, elle n’a pas pu rassembler de majorité qualifiée. À savoir le vote d’au moins 55% des 28 Etats membres représentant 65% des habitants. 16 pays étaient pour, 2 pays voulaient s’abstenir et 10 étaient contre, dont la France et la Belgique. Le vote a donc été à nouveau reporté.
Face à la position du Parlement européen et en absence de majorité qualifiée, la Commission envisageait de mettre sur la table un renouvellement de 5 à 7 ans. Après deux jours de réflexion, la Commission proposera finalement un renouvellement pour cinq ans, fait savoir Anca Paduraru, porte-parole de la Commission Européenne. Toutefois, cette proposition ne mentionne aucune restriction ou une possible interdiction dans les années à venir. Si elle était votée, aucune sortie du glyphosate ne serait envisageable avant plusieurs années. Un nouveau vote sur cette proposition aura lieu le 9 novembre.
Opposition entre experts, ONG et industriels sur le glyphosate
Défenseurs et opposants du glyphosate s’affrontent à tous les niveaux. Ils se renvoient dos-à-dos les évaluations scientifiques. Il y a bien l’évaluation du Centre international de recherche sur le cancer qui l’a classé « cancérogène probable » en 2015. Mais toutes les évaluations ultérieures des agences sanitaires (Efsa et Anses) et de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) concluent à de faibles risques ou à l’absence de cancérogénicité chez l’Homme. Et puis, il y a aussi le scandale des Monsanto Papers et les accusations d’influence de Monsanto sur le rapport de l’Efsa reprenant des copiers-collers d’études de l’industriel. Pour mettre un peu plus de pression sur les politiques, une initiative citoyenne européenne demandant l’interdiction du glyphosate a été signée par 1,3 millions d’européens.
Les agriculteurs montent au créneau pour dénoncer l’absence d’alternatives à cet herbicide. La FNSEA dénonce notamment « des trajectoires d’interdictions et non des trajectoires de solutions » qui risquent de conduire à « des impasses techniques ». À l’opposé, « santé publique, principe de précaution, conflits d’intérêt, urgence environnementale : les arguments ne manquent pourtant pas aux décideurs politiques pour exiger l’interdiction du glyphosate sans attendre dans l’Union européenne », juge l’organisation Foodwatch.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Il ne s’agit pas seulement de notre propre santé alimentaire. Il faut considérer la détérioration des sols par leur appauvrissement du fait qu’il n’y a presque que la plante cultivée qui pousse dans ces cultures. On arrive alors au point où il faut constamment rajouter des engrais pour permettre au plante de pousser, et ça c’est encore de la poche des cultivateurs.
Ce qui m’étonne dans cette histoire, c’est que personne en Europe ne semble considérer une possibilité intermédiaire que la Suisse applique depuis des années. Ici le glyphosate peut être utilisé, mais pas juste avant la récolte. Donc on n’rn utilise beaucoup moins, il ne se retrouve pas dans les aliments, et tout le monde est content. Trop simple ?
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