Le réchauffement climatique atteint déjà +1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle. Les catastrophes naturelles se multiplient. Vagues de chaleur, méga-feux, inondations, sécheresses, cyclones s’intensifient partout dans le monde. Le GIEC estime que ces événements météorologiques et climatiques extrêmes entraînent déjà le dépassement des seuils de tolérance de certaines plantes et animaux. Cela provoque des mortalités massives chez des espèces telles que les arbres et les coraux. Selon les experts, entre 18 % et 30 % des espèces sont menacées d’extinction.
Le deuxième volet du sixième rapport d’évaluation du GIEC a été publié le lundi 28 février et il confirme qu’avec un réchauffement climatique de +1,5°C – objectif minimal de l’Accord de Paris – le monde affrontera déjà de multiples aléas climatiques inévitables au cours des deux prochaines décennies. Dès lors que le réchauffement dépassera ce seuil, même de façon « temporaire », le monde connaîtra « des impacts supplémentaires graves, dont certains seront irréversibles ». L’adaptation deviendra plus difficile à mesure que le monde se réchauffera. « Dans certaines régions, ce sera impossible si le réchauffement climatique dépasse 2°C », prévient le GIEC. À +3°C, ces aléas atteindraient une intensité « intolérable », selon Gonéri Le Cozannet, co-auteur du rapport.
Quatre risques majeurs pour l’Europe
« L’adaptation progresse en Europe, mais demeure insuffisante face à la rapidité des changements », prévient Gonéri Le Cozannet. Le GIEC identifie ainsi quatre risques majeurs pour l’Europe. Tout d’abord, même en limitant le réchauffement climatique à +1,5°C, les vagues de chaleur causeront la mort de 30 000 personnes par an en Europe. À 3°C, le nombre de décès pourrait tripler.
Côté agriculture, les rendements agricoles baisseront à cause des vagues de chaleur et des sécheresses. Dès +2°C, des pénuries d’eau toucheront plus d’un tiers de la population dans le sud de l’Europe. À +3°C, le manque d’eau limitera l’irrigation.
Un dernier risque majeur identifié concerne les inondations côtières. Elles seront dix fois supérieures d’ici la fin du siècle, juge le GIEC. La hausse du niveau des mers représente ainsi une menace pour les communautés côtières et leur héritage culturel au-delà de 2100.
Trois leviers d’adaptation majeurs
Face à ces risques, le groupe d’experts souligne l’urgence à mettre en place une action climatique axée sur l’équité et la justice, dotée d’un financement suffisant, un transfert de technologies et un engagement politique fort.
Le GIEC identifie ainsi trois leviers d’adaptation majeurs. D’abord, la protection de 30 à 50 % des habitats terrestres, d’eau douce et océaniques de la Terre. « En restaurant les écosystèmes dégradés et en conservant efficacement et équitablement 30 à 50 % des habitats terrestres, d’eau douce et océaniques de la Terre, la société peut bénéficier de la capacité de la nature à absorber et à stocker le carbone, et nous pouvons accélérer les progrès vers le développement durable, mais un financement et des politiques adéquats de soutien sont essentiels », affirme le coprésident du Groupe de travail II du GIEC, Hans-Otto Pörtner.
Ensuite, le GIEC insiste sur la nécessité de planifier au plus vite les travaux d’adaptation nécessaires pour faire face à des catastrophes climatiques plus fréquentes et plus violentes, notamment dans les villes côtières. Enfin, il souligne l’importance d’augmenter les moyens de la finance climatique et que les pays développés aident financièrement les pays les moins avancés.
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