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General Electric choisit la blockchain pour valider ses pièces 3D

Posté le 3 septembre 2018
par Sophie Hoguin
dans Informatique et Numérique

General Electric, très impliquée dans le développement de la fabrication additive via sa filiale GE Additive, a déposé un brevet concernant l'utilisation de la blockchain pour certifier l'origine et la qualité de ses pièces imprimées en 3D.

La sécurisation des pièces issues de la fabrication additive tant pour s’assurer de la qualité de fabrication que pour lutter contre la contrefaçon ou l’espionnage industriel est un sujet d’importance pour nombre d’acteurs du secteur qui sont souvent des industries à haute valeur ajoutée des secteurs du médical, de l’aéronautique ou du spatial.

Comment vérifier qu’une pièce a bien été fabriquée avec le bon fichier, les bons matériaux, sur une machine bien configurée ? Comment s’assurer que le fichier d’origine n’a pas été pillé, comment vérifier qu’une pièce provient bien du constructeur X et n’est pas une contrefaçon ?

Pour répondre à, au moins une partie de ces questions, General Electric a décidé d’opter pour une solution basée sur une technologie de blockchain à travers ce brevet déposé en décembre 2017 et publié en juin 2018.

La technologie de la blockchain, qui est, rappelons-le, un système de stockage et de transmission de données qui contient en lui-même l’historique des échanges effectués entre ses utilisateurs et qui a la particularité de fonctionner sans organe central de contrôle et sans intermédiaire, permettant à chaque utilisateur de vérifier l’ensemble de la chaîne, semble en effet un bon support pour la traçabilité et la sécurisation des données de fabrication.

Ce que GE veut sécuriser

L’objectif pour GE est double. D’une part, assurer une partie de la certification qualité de ses pièces et d’autre part se protéger de la contrefaçon. Ainsi, outre un suivi classique du processus : auteur du fichier, lot des matériaux utilisés, configuration de l’impression, cette technologie permettrait aussi de suivre les données de toute la chaîne d’approvisionnement et d’inscrire par exemple qu’il y a bien eu « transaction » entre l’auteur du fichier 3D et le constructeur ainsi qu’entre le constructeur et les fournisseurs de matériaux. Ceci afin de lutter contre d’éventuelles contrefaçons. Parmi les craintes évoquées par les industriels, la facilité de reproduction de l’aspect extérieur d’une pièce grâce à la reprise du fichier de maquette ou par reverse ingeniering pourrait faire arriver sur le marché des pièces de rechange, des produits aux qualités médiocres, pouvant mettre en danger les utilisateurs.

D’autres systèmes existent

Plusieurs acteurs de la fabrication additive testent déjà la blockchain pour assurer la traçabilité des pièces imprimées en 3D : l’entreprise française 3Digit par exemple à mis en place un système de blockchain pour que les clients puissent vérifier la conformité maquette originale / pièce fournie. Le Californien Cubichain teste depuis plusieurs années maintenant la blockchain avec plusieurs industries dont CalRAM LLC, une entreprise spécialisée dans les pièces 3D en titane pour l’industrie spatiale. Mais il ne faut pas pour autant oublier que des solutions alternatives sont aussi développées. Boeing par exemple a annoncé en mai dernier qu’il allait utiliser la plateforme israélienne Assembrix pour pouvoir partager, de manière sécurisée, les fichiers numériques liées à la fabrication additive entre ces équipes et ses clients. Assembrix est une plateforme en ligne qui s’appuie sur des chiffrements algorithmiques afin de protéger les fichiers 3D contre l’interception, la corruption et le décryptage. On peut aussi citer, Identify3D, une société californienne qui a créé une plateforme de supply chain en ligne sécurisée : les fichiers de maquette cryptés sont associés à différents droits de licences qui déterminent d’une part pour les utilisateurs le nombre de pièces qui peuvent être fabriquées pendant une période donnée et d’autre part quels équipements et ressources doivent être utilisés pour fabriquer la pièce. Selon les autorisations accordées aux personnes, ces dernières ne peuvent accéder qu’à certains fichiers et avec les limites définies par les licences.

Sophie Hoguin


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