« L’UE atteint son objectif de stockage de gaz à 90 % avec 10 semaines d’avance », a annoncé la Commission européenne le 21 août par communiqué. « La Commission continuera de surveiller la situation, afin que les niveaux de stockage de gaz restent suffisamment élevés au cours des prochains mois, et afin que nous maintenions également notre concentration sur l’amélioration de l’efficacité énergétique et la stimulation du déploiement des énergies renouvelables », a prévenu Kadri Simson, commissaire européen à l’énergie.
Le règlement sur le stockage de gaz de juin 2022 a fixé un objectif contraignant de remplissage à 90 % des installations de stockage de l’UE au plus tard le 1er novembre de chaque année. Ce stockage de gaz peut couvrir jusqu’à un tiers de la demande de gaz de l’UE en hiver. Les chiffres publiés par Gas Infrastructure Europe, association regroupant les opérateurs européens d’infrastructures de gaz, montrent que les niveaux de stockage de gaz ont ainsi atteint 1 025 TWh, soit 90,02 % de la capacité de stockage le 19 août. La situation est comparable à celle de l’année dernière : les pays membres avaient alors atteint 90 % de remplissage le 18 août.
La plupart des États membres de l’UE disposent d’installations de stockage de gaz sur leur territoire. Toutefois, l’Allemagne, l’Italie, la France, les Pays-Bas et l’Autriche détiennent à eux cinq les deux tiers de la capacité totale de l’UE. Les pays qui ne disposent pas d’installations de stockage – Irlande, Finlande, Lituanie, Grèce, Chypre – et ceux qui ont des capacités limitées collaborent avec d’autres États membres, de façon à accéder à leurs stockages.
Des importations de gaz qui se diversifient
En 2021, 40 % des importations de gaz de l’UE provenaient de Russie par gazoduc. Mais la guerre en Ukraine et la réaction de l’UE ont changé la donne. Fin 2023, le gaz russe ne représentait plus que 8 % des importations de l’UE par gazoduc, partage la Commission européenne. Si l’on combine ces importations par gazoduc avec le GNL, la Russie représentait alors moins de 15 % du total des importations de gaz de l’UE.
Le plan REPowerEU vise à s’affranchir totalement du gaz russe à compter de 2027. Pour y parvenir, le plan mise sur trois piliers : les économies d’énergie, le développement des énergies renouvelables, du biométhane et de l’hydrogène, ainsi que la diversification de l’approvisionnement en gaz.
Pour remplacer le gaz russe, la Norvège et les États-Unis sont devenus les principaux fournisseurs de gaz de l’UE. En 2023, la Norvège a fourni 30,3 % de la totalité des importations de gaz, les États-Unis 19,4 %, l’Afrique du Nord 14,1 %, le Royaume-Uni 5,7 % et le Qatar 5,3 %.
Côté GNL, l’UE mise désormais sur les importations par bateau en provenance des États-Unis. En 2023, les importations en provenance des États-Unis ont presque triplé par rapport à 2021. Selon un rapport de l’IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) publié en février 2024, les États-Unis ont fourni 47 % du GNL importé en Europe en 2023, le Qatar 12 %, la Russie 12 % et l’Algérie 10 % sur l’ensemble de l’année 2023.
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