La compagnie américaine Shuepbach, à l’origine de la saisine, espère invalider la loi et pouvoir reprendre l’exploration. Si la loi était validée, Shepbach serait tout aussi gagnant, puisque l’Etat n’échapperait pas à l’indemnisation de la société. Schuepbach réclamerait plus d’un milliard d’euros suite à l’abrogation de ses permis de Nant (Aveyron) et de Villeneuve-de-Berg (Ardèche), révèle le quotidien spécialisé Bulletin de l’industrie pétrolière (BIP). La somme inclut notamment le bénéfice attendu d’une production de gaz pendant 50 ans, bien qu’aucun forage n’ait encore été lancé sur les concessions en question.
Schuepbach fait savoir qu’après avoir épuisé les procédures françaises, il se tournera vers une cour européenne s’il n’obtient pas gain de cause. De son côté, le Gouvernement a fait savoir qu’un texte empêchant l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste en France, en raison de leur impact environnemental, était déjà prêt à être déposé.
Pendant ce temps, le gaz de schiste déçoit aux Etats-Unis
En 2010, ExxonMobil, Shell, Total et BHP Billiton, ont racheté les quelques groupes qui avaient lancé l’es gaz de schiste aux Etats-Unis. En investissant des sommes considérables pour développer l’exploitation, ces groupes ont fait chuter le prix du gaz de schiste à 3 $ par million de BTU (unité énergétique pour quantifier le gaz). À ce prix,
l’exploitation n’est pas rentable. « Selon la société d’analyse financière AlphaValue, 10 milliards de dollars ont été passés en dépréciation pour les seuls groupes européens sur leurs investissements dans les gaz de schiste. Et les dépréciations ont atteint 2,8 milliards de dollars pour BHP Billiton, 2,1 milliards pour BP et 800 millions pour Total », rapporte le webzine Atlantico. En réduisant leurs investissements, ces groupes espèrent faire remonter les prix. Le secteur ne serait rentable que pour des prix aux alentours de 6-7 $. En attendant, certains réfléchiraient même abandonner leurs opérations dans le gaz de schiste américain.
Parallèlement, certains champs ont franchi leur pic de production et la production décline. C’est notamment le cas des champs de Barnett et de Haynesville, dans le Sud des Etat-Unis. Cette baisse de production est pour le moment compensée par le champ de Marcellus dans les Appalaches, explique le blog de Matthieu Auzanneau.
Ce ralentissement de la production a des causes économiques et géologiques. D’une part, la technique de fracturation ne libère le gaz que dans un périmètre restreint autour de la zone fracturée. Par conséquent, la production d’un puits est généralement maximale lors de son ouverture, avant de décliner rapidement.Pour maintenir une production élevée, il est nécessaire de forer sans cesse de nouveaux puits. Mais comme les groupes veulent faire remonter les prix, ils ont plutôt tendance à diminuer leur nombre. C’est la raison économique.
D’autre part, les nouveaux puits sont forés dans des zones moins riches en hydrocarbures, puisque les puits les plus abondants sont forés en premiers. Les nouveaux puits sont donc moins productifs et, a fortiori, moins rentables. C’est la raison géologique. Alors, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle en France ?
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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