Vous vous réjouissiez de pouvoir continuer à siroter votre boisson grâce à des pailles en papier. Si l’expérience n’est pas toujours optimale, avec certaines pailles qui se bouchent ou se délitent, des chercheurs belges lancent une nouvelle alerte un peu plus grave. Selon leurs résultats publiés le 24 août dans la revue Food Additives & Contaminants, les pailles en papier vendues sur le marché contiennent bien trop de poly- and perfluoroalkyl substances (PFAS), un groupe de plus de 12 000 polluants synthétiques connus pour être potentiellement nocifs pour la faune, les humains et l’environnement. Les industriels ajoutent ces PFAS lors de la fabrication des pailles en papier ou en bambou pour les rendre hydrofuges. Tout comme les additifs du plastique, les PFAS peuvent alors migrer vers la boisson avec laquelle ils sont en contact.
Les chercheurs belges ont examiné les concentrations de 29 PFAS dans 39 marques différentes de pailles disponibles dans le commerce sur le marché belge. Au menu des tests : 20 pailles à usage unique en papier, 5 en bambou et 4 en plastique. Mais aussi 5 pailles réutilisables en verre et 5 en acier inoxydable. « Les PFAS étaient présents dans presque tous les types de pailles, à l’exception de celles en acier inoxydable », partagent les chercheurs. 16 PFAS ont ainsi été observés à des concentrations au-dessus de la limite de quantification.
Des pailles en papier particulièrement touchées
Si les chercheurs ont trouvé d’importantes variations entre les pailles provenant des mêmes matériaux, la fréquence de détection est la plus élevée dans les matériaux d’origine végétale, à savoir le papier et le bambou. Des PFAS ont ainsi été détectés dans presque toutes les pailles à base de papier (18 sur 20), avec des concentrations très variables selon les marques, atteignant jusqu’à plus de 7 nanogrammes par gramme de paille (ng/g). Des PFAS ont été retrouvés dans 4 des 5 pailles en bambou, avec une concentration maximale de 3,5 ng/g. « La présence de PFAS dans les pailles végétales montre qu’elles ne sont pas nécessairement biodégradables et que l’utilisation de telles pailles contribue potentiellement à l’exposition humaine et environnementale aux PFAS », concluent les chercheurs.
Fait étonnant, deux des cinq pailles en verre contenaient des PFAS. L’une d’entre elles en présentait même un taux de 6,65 ng/g. Enfin, trois des quatre pailles en plastique contenaient des PFAS quantifiables, avec un maximum de 0,92 ng/g. À titre d’information, l’agence de protection de l’environnement américaine (USEPA) préconise de limiter à 4 ng par litre la présence de PFAS dans l’eau potable. Dans ces conditions, selon les chercheurs, les pailles en acier inoxydable semblent constituer « l’alternative la plus durable », car « elles peuvent être réutilisées, ne contiennent pas de PFAS et peuvent être entièrement recyclées ».
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