Selon le classement « Low Carbon Economy Index 2017 » du cabinet PwC, les efforts pour décarboniser l'économie mondiale sont insuffisants. Si l'on considère les pays du G20, seuls le Royaume-Uni et la Chine sont en accord avec les besoins pour limiter le réchauffement climatique à 2°C d'ici 2100.
Pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, il faudrait faire baisser l’intensité carbone de l’économie mondiale de 6,3 % par an jusqu’en 2100. C’est-à-dire baisser chaque année de 6,3 % les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d’énergie par million de dollars de PIB. Et pour le moment, les contributions nationales actées par l’Accord de Paris sont largement insuffisantes. Elles prévoient une décarbonisation d’environ 3 % par an et elles doivent donc être renforcées d’ici 2020. Mais selon l’étude de PwC, le compte n’y est pas du tout. Si les objectifs sont déjà trop faibles, la baisse sur le terrain y est encore plus lente. En effet, l’intensité carbone de l’économie mondiale n’a diminué que de 2,6% entre 2015 et 2016.
Les bons et les mauvais élèves du G20
Seuls deux pays du G20 sont en accord avec l’objectif des 2°C: le Royaume-Uni et la Chine qui affichent un taux de décarbonisation de leur économie de 7,7 % et 6,5 % en 2016. «C’est le résultat d’une baisse de la consommation de charbon et d’une amélioration de l’efficacité énergétique, parallèlement à une croissance économique dynamique dans ces deux pays», juge PwC. Le Mexique et l’Australie ont également réussi à réduire leur intensité carbone de 4,6 % et 3,8 % tout en ayant une croissance économique supérieure à 2 %. Pour le Mexique, c’est plus que son engagement pris à Paris (2,4%), mais pour l’Australie, cela reste inférieur à ses objectifs (4,5%). Enfin, si le Brésil a décarbonisé son économie de 3,8 %, plus que promis à Paris, c’est surtout parce que le pays est en récession de 3,6 %.
À l’opposé, les pires élèves sont l’Indonésie, l’Argentine et la Turquie. Ces trois pays ont augmenté leur intensité carbone entre 2,5 % et 3,4 %. Il y a deux autres mauvais élèves qu’il convient de mentionner : l’Afrique du Sud et la France. Ces deux pays connaissent chacun une hausse inférieure à 1%. Mauvaise nouvelle, puisque l’Afrique du Sud a l’intensité carbone la plus élevée du G20. Pour la France, c’est un petit peu moins grave, puisqu’elle présente déjà la plus faible intensité carbone.
Une lutte impossible contre le changement climatique ?
La lutte contre le changement climatique est ainsi très loin d’être gagnée. Sans changement, le budget carbone sera épuisé en 2036 et il ne sera plus possible de limiter le réchauffement à 2°C, calcule PwC. Avec une croissance économique mondiale prévue à 2,1%, les émissions de gaz à effet de serre devront diminuer de plus de 4% chaque année en moyenne. Elles ont encore augmenté de 0,4% en 2016.
Au final, les efforts pour diminuer le charbon dans certains pays sont contrebalancés par l’augmentation de la demande dans d’autres pays, comme l’Inde, l’Indonésie ou la Turquie. En 2016, la demande en charbon n’a ainsi baissé que de 1,4%. Pendant ce temps, la demande en gaz et pétrole a continué de croître de 1,8%. Et si les capacités solaires et éoliennes ont augmenté de 30% et 15,9%, elles ne représentent toujours qu’une petite part du système énergétique mondial.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE