Faisant parti des six finalistes « Flagship », programme de soutien à la recherche lancé par l'Union Européenne, FuturICT devient le projet phare susceptible de répondre aux grandes questions de l'Humanité. Explications.
Avec la montée en puissance des nouvelles technologies, les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) sont aujourd’hui au cœur de projets phares et innovants de l’Union Européenne.
Souvenez-vous du « Humain Brain Project », le projet de simulation du cerveau humain réunissant une centaine de partenaires scientifiques les plus à la pointe et révolutionnant les neurosciences, la génétique, les sciences sociales, l’informatique et la robotique ; ou encore des « Guardians angels », « anges gardiens pour une vie plus intelligente », un projet de capteurs électroniques intelligents et autonomes développés non seulement pour aider les personnes âgées, handicapées ou la petite enfance dans leur vie quotidienne mais aussi pour prévenir les risques environnementaux.
Début mai 2011, ces deux projets ont été sélectionnés parmi les six candidats au programme FET[1] Flagship, un programme de soutien à la recherche, lancé par l’UE, proposant un financement pouvant atteindre la barre d’un milliard d’euros, à raison de 100 millions d’euros par an sur 10 ans. Parmi ces six candidats, un troisième de grande envergure est en course : FuturICT.
FuturICT, l’accélérateur de connaissance
Surnommée l’ « accélérateur de connaissance », ce projet futuriste profiterait des connectivités croissantes entre les personnes dans le but d’exploiter et de collecter l’information issus des TIC (téléphones portables, Internet et réseaux sociaux) et des systèmes interactifs – finalement d’explorer la Terre sous sa dimension sociale – de manière à pouvoir prévenir et atténuer les crises systémiques auxquelles l’Humanité peut être confrontée avec la mondialisation, les évolutions technologiques et sociétales actuelles, pour un avenir durable.
« Il faut prendre le terme prédiction avec beaucoup de précautions, déclarait Dirk Helbing, physicien reconverti en sociologue et co-directeur de FuturICT. La prédiction est toujours limitée, il vaut mieux parler de prévision. C’est vrai pour les prévisions météo, ce qui ne les empêche pas d’être utiles. Par contre, ce qu’on peut certainement faire, c’est avoir une connaissance des systèmes sociaux et économiques suffisante pour dire comment certains changements dans ces systèmes peuvent les affecter. Il n’est pas toujours forcément nécessaire de prévoir pour arriver à améliorer le système. Notre but est surtout d’atténuer les crises, de réduire les pertes et aussi de générer de nouveaux bénéfices, de détecter de nouvelles opportunités. »
C’est dans cette optique qu’au printemps 2008, Dirk Helbing et deux de ses collègues avaient publié, dans la revue américaine ScienceDaily, un papier qui avertissait de l’instabilité dangereuse du système financier. Quelques mois plus tard, le monde basculait dans la crise économique que l’on connait.
Ainsi, les données collectées à partir d’Internet mais aussi des archives, des enquêtes sur les comportements collectifs, et d’observatoires mis en place dans les secteurs financiers, économiques, sociaux et environnementaux, permettront aux chercheurs et sociologues d’alimenter un « Living Eart Simulator » (simulateur de la Terre vivante), qui serait idéalement capable de modéliser le fonctionnement des sociétés de la même manière que pour les systèmes complexes en physique ou en biologie.
Ces données techno-socio-éco-environnementaux seront bien évidemment collectées dans la plus grande confidentialité et protégées, l’intérêt du projet n’étant pas de s’introduire dans la vie privée des personnes.
Des acteurs de renommée mondiale
FuturICT est dirigé conjointement par le University College of London (UCL), une des meilleures universités mondiales s’engageant à la recherche sur les grandes questions de notre temps, et l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), une institution technique suisse des plus prestigieuses du monde en matière de sciences et de technologie.
Tout comme ses confrères Flagship, FuturICT repose également sur un vaste réseau incluant 51 Hautes Ecoles et instituts académiques de 16 pays et des partenaires industriels comme le moteur de recherche « Yahoo » ou l’opérateur « Telecom Italia ».
Un paradigme social
Début mai 2011 à Budapest, lors de la cérémonie de proclamation des six finalistes Flagship, Steven Bishop, mathématicien et autre co-directeur du projet, ressentait un « fantastique sentiment d’excitation de voir le noyau d’une nouvelle science en train de se développer ». Quant aux dires de Dirk Helbing, évoqués fin juin à l’EPFZ, ce projet phare pourrait être une « renaissance des sciences sociales » et un « point de départ pour une nouvelle révolution scientifique ».
Une chose est certaine, matérialisant ce concept d’organisation pour la mise en place d’un accélérateur de connaissance et par linéarité de potentiel pilote permettant de « prédire » l’avenir par la collecte d’information, FuturICT répond aux grands défis de l’Humanité du 21ème siècle.
Par Angélica Tavares Costa
Notes :
[1] De l’anglais « Future and Emerging Technologies », FET désigne les « Technologies futures et émergentes ».
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