Tepco, la compagnie japonaise qui opère la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daïchi, a annoncé début février avoir relevé des niveaux records de radioactivité dans le réacteur n°2. Un indice qui pourrait s’avérer précieux dans la localisation du corium, le combustible nucléaire fondu suite à la réaction en chaîne incontrôlée.
Radiations mortelles
Un robot envoyé par Tepco dans le bâtiment réacteur n°2 de Fukushima a relevé des niveaux de radioactivité allant jusqu’à 530 sieverts par heure. C’est extrêmement élevé. Les experts considèrent qu’un débit de dose reçu de 5 sieverts par heure tuerait la moitié de ceux exposés en un mois, et qu’un débit de dose de 10 sieverts/heure serait mortel en quelques semaines.
Les robots ne sont guère mieux lotis et ont tous péri après quelques heures, non sans avoir livré de précieuses informations. Le dernier à s’être introduit dans l’enceinte de confinement du réacteur 2 a envoyé, grâce à sa caméra embarquée, des images d’un trou d’un mètre carré environ, sur une plateforme métallique située sous la cuve qui contient le cœur du réacteur. « Il peut avoir été causé par la chute du combustible qui aurait fondu et percé la cuve, mais ce n’est à ce stade qu’une hypothèse », indique Tatsuhiro Yamagishi, un porte-parole de Tepco à l’AFP. Cela coïnciderait avec les niveaux extrêmement élevés de radioactivité dans cette partie du bâtiment. « Nous estimons que les images recueillies cette fois constituent de précieuses informations, mais il nous faut encore investiguer, sachant qu’il est difficile de présupposer l’état réel à l’intérieur », souligne le porte-parole.
Cadarache étudie le corium
Ces images et relevés de radioactivité intéressent au plus au point les ingénieurs de Tepco qui n’ont toujours pas pu localiser les combustibles nucléaires fondus des trois réacteurs endommagés. Or, le trou observé laisse craindre à un percement de la cuve, voire du radier, la dalle de béton constituant la partie basse de l’enceinte du réacteur. C’est justement ce qu’une équipe du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Cadarache cherche à savoir. En partenariat avec la Japan Atomic Energy Agency, ils ont reconstitué en janvier dernier un corium similaire à celui de Fukushima pour « observer et mesurer la capacité du corium à provoquer l’ablation d’un béton représentatif de celui du radier. Ces résultats permettront à nos partenaires japonais de développer des systèmes de récupération, de découpe et de traitement du corium qui pourront être utilisés pour le démantèlement des réacteurs de Fukushima-Daïchi », indique le CEA. Tepco a annoncé la poursuite des recherches avec l’envoi d’un nouveau robot sur le réacteur n°1 cette fois.
Romain Chicheportiche
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