Le démantèlement de Fukushima concerne 4 des 6 réacteurs qu’abrite la centrale. Les unités 5 et 6 n’ont pas été autant endommagées car leur alimentation de secours a continué à fonctionner après le tsunami qui a ravagé le Japon en 2011.
Récupérer le combustible usé
Après l’accident, la priorité des équipes de Tepco a été de maintenir sous contrôle la chaleur dégagée par la fusion des cœurs des réacteurs par l’injection continue d’eau pour refroidir le corium. La gestion de cette eau contaminée a été, et reste un enjeu fondamental depuis les premiers mois de gestion de crise. La compagnie montre toutes les difficultés du monde à empêcher la fuite d’eau contaminée dans la mer. Selon Tepco, la chaleur générée par les débris de combustible diminue néanmoins progressivement et est maintenu entre 25 et 40 C°. Cela a permis à l’électricien d’entamer un autre chantier d’importance pour réduire les risques sur le site : retirer les combustibles usés des piscines des réacteurs. Ces derniers font en effet peser un risque certain sur le site et les équipes qui y travaillent. La piscine du réacteur 4 et ses 1 533 assemblages de combustibles usés ont été la priorité de Tepco qui a achevé leur retrait en décembre 2014. Reste encore 1 573 assemblages de combustibles usés à retirer des piscines des trois autres bâtiments-réacteur. Viendra alors le temps des débris des installations et de la gestion du combustible fondu extrêmement radioactif.
Un devis impossible
Calculer le montant d’un tel démantèlement s’apparente à un véritable casse-tête car les Japonais avancent en terres inconnues. Les équipes de Tepco ont basé leurs estimations en prenant comme référence l’accident nucléaire américain de Three Miles Island en 1979. Pour autant, ce retour d’expérience est loin d’être suffisant pour pouvoir calculer avec précision les besoins techniques, technologiques et financiers pour retirer le corium des réacteurs 1, 2 et 3. « Il est difficile de calculer le coût entier d’un tel démantèlement », admet au Japan Today, Shinichi Nakakuki porte-parole de Tepco.
Cinq ans après la catastrophe, l’exploitant de Fukushima est exsangue. La compagnie japonaise, qui produisait avant l’accident un tiers de l’électricité du pays, a payé des milliards de yens pour dédommager les populations locales et pour commencer les opérations de démantèlement. L’entreprise a été en partie nationalisée (l’Etat y détient 50,1% du capital) pour éviter une faillite suicidaire. Mais face à l’ampleur des dépenses à venir, le gouvernement japonais cherche des solutions : « le comité étudie les moyens par lesquels Tepco peut sécuriser des fonds tout en évitant une augmentation de la charge publique », a déclaré Yoshihide Suga, secrétaire général du cabinet du ministre de l’Industrie lors d’une conférence de presse. Une des options étudiée par Tokyo consisterait à scinder en deux l’entreprise pour concentrer les fonds sur le démantèlement. « La question est toujours en débat », indique-t-il.
Au Japon, seul 2 réacteurs nucléaires sur les 42 existants ont repris le service depuis la catastrophe de 2011.
Par Romain Chicheportiche
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