Logo ETI Quitter la lecture facile
fraude - nestlé waters

En ce moment

Fraude aux eaux minérales : la polémique enfle

Posté le par Matthieu Combe dans Matériaux

Début 2024, une enquête conjointe menée par Le Monde et Radio France révélait un scandale sur les eaux en bouteille, mettant notamment en cause l'ensemble des marques de Nestlé Waters. De nouvelles révélations laissent penser à une entente secrète entre l’État français et la multinationale.

La réglementation est claire : les eaux minérales naturelles doivent conserver leur « pureté originelle ». Elles sont en principe microbiologiquement saines et ne contiennent pas de pesticides, de résidus de médicaments ou d’autres micropolluants. Le Code de la Santé publique n’autorise donc qu’un nombre très limité de traitements physiques (filtration supérieure à 0,8 µm et décantation) pour éliminer certains composés tels que le fer ou l’arsenic présents naturellement dans les eaux. Le recours à des systèmes de purification tels que des filtres à charbon ou des filtres UV est strictement interdit.

Mais dans les faits, les choses ne sont plus si simples. En janvier 2024, l’enquête menée par la cellule investigation du journal Le Monde et de Radio France faisaient l’effet d’une bombe. Au moins un tiers des marques françaises, notamment celles de Nestlé Waters, avaient recours à des traitements interdits pour purifier leurs eaux minérales. Au menu : de la filtration sur charbon actif, de la microfiltration inférieure aux seuils autorisés et des filtres UV. Nestlé Waters France reconnaît rapidement les faits.

Ces pratiques visaient à éliminer des contaminants microbiologiques et chimiques présents dans les sources, notamment des bactéries et des traces de polluants chimiques (métabolites de pesticides, perchlorates, perfluorés…). La mise en place de ces traitements relèverait d’une tromperie pour continuer à exploiter des captages contaminés.

Une tromperie avec l’aide de l’État ?

De nouvelles révélations de la cellule investigation de Radio France et Le Monde publiées mardi 4 février 2025 montrent que le groupe Nestlé a réussi à mettre en place ces pratiques illégales avec l’aval du gouvernement. Grâce à l’analyse de « notes ministérielles, échanges de mails, compte-rendu de visites d’inspection », la cellule qualifie le dossier d‘« une entente secrète entre l’État français et une multinationale ».

Les révélations montrent que l’Élysée et Matignon ont ouvertement accordé une dérogation au groupe agroalimentaire pour utiliser des filtres jusqu’à 0,2 µm. Et ce, malgré l’opposition de la direction générale de la santé, et du ministère de la Santé, pour qui cette demande n’était « pas acceptable ». Dans la foulée de cette divulgation, en marge d’un déplacement, Emmanuel Macron a toutefois assuré : « Il n’y a de l’entente avec personne, il n’y a pas de connivence avec qui que ce soit ».

En décembre 2024, une commission d’enquête sénatoriale a été lancée pour faire la lumière sur « les pratiques des industriels de l’eau en bouteille et les responsabilités des pouvoirs publics dans les défaillances du contrôle de leurs activités et la gestion des risques économiques, patrimoniaux, fiscaux, écologiques et sanitaires associés », à l’initiative du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. Son rapporteur, le sénateur PS de l’Oise, Alexandre Ouizille, estime de son côté sur France Info que des services ont été impliqués à tous les étages de l’État, y compris à l’Élysée. Il va proposer à la commission qu’elle aille « auditionner du côté de l’Élysée pour aller au bout de la vérité ».

Pour aller plus loin

Posté le par Matthieu Combe


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !