A la faveur du plan France Relance annoncé par le gouvernement, doté de 30 milliards d’euros en faveur de la transition écologique, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance ont détaillé la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné en France. Un « plan hydrogène » qui représente 7,2 milliards d’euros sur les 30 milliards d’euros.
Le dossier de présentation du plan hydrogène des ministères de la Transition écologique et de l’Economie rappelle que « la France a été l’une des premières nations à déployer un plan hydrogène en 2018 ». Ces trois dernières années, l’État a apporté son soutien à la filière via plusieurs mécanismes. Le Programme d’investissements d’avenir (PIA) a mobilisé plus de 100 millions d’euros en soutenant la mise en œuvre de démonstrateurs et la prise de participation dans des entreprises à fort potentiel. En outre, l’Agence nationale de la recherche (ANR) a soutenu la recherche publique en mobilisant plus de 110 millions d’euros sur les 10 dernières années. Bpifrance a accompagné de nombreuses startups ou PME dans leurs projets d’innovation et de développement technologiques, alors que, de son côté, l’Ademe a soutenu le déploiement de la mobilité hydrogène en apportant 80 millions d’euros. Enfin, la Banque des Territoires s’est également positionnée en soutenant des projets de déploiements portés par des collectivités, rappellent les ministres.
Trois grands axes
C’est devant l’Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac) et l’ensemble des acteurs et partenaires de la filière que les deux ministres ont donné les trois grandes priorités de ce vaste plan, doté de 2 milliards d’euros sur les seules années 2020 à 2022.
D’abord, décarboner l’industrie, en faisant émerger une filière pour l’électrolyse et passer de l’usage de l’hydrogène provenant de sources carbonées dans l’industrie à de l’hydrogène décarboné. Ensuite, développer les transports collectifs et marchandises fonctionnant à l’hydrogène (trains, poids-lourds, véhicules utilitaires légers, bennes à ordures ménagères, etc.) et soutenir les projets territoriaux d’envergure. Enfin, la troisième priorité vise à soutenir la recherche, l’innovation et le développement des compétences.
Ils détaillent également la répartition de 3,4 milliards d’euros (sur les 7,2 milliards d’euros) sur la période 2020-2023. Ainsi, 54 % seront consacrés à la décarbonation de l’industrie, 27 % au développement de transports collectifs et marchands hydrogène et le solde, 19 % pour la recherche, l’innovation et la formation.
Décarboner l’industrie et créer une filière électrolyse
Le gouvernement rappelle que la stratégie retient l’électrolyse qui apparaît comme le plus prometteur, sur lequel la France dispose déjà d’industriels à fort potentiel. Le marché de la production d’hydrogène décarboné par électrolyse doit donc évoluer vers des projets de plus grande taille et de plus importante capacité. La France se fixe ainsi un objectif de 6,5 GW d’électrolyseurs installés en 2030.
Ainsi, dès 2021, le gouvernement veut lancer la construction d’un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC/IPCEI) sur l’hydrogène, sur le modèle de « L’Airbus des batteries ». Il s’agit plus particulièrement de faire émerger en France des projets de « gigafactory » d’électrolyseurs, selon un schéma similaire au plan batterie qui prévoit le développement des usines de Nersac puis de Douvrin par ACC, entreprise commune de PSA et Total/Saft (bientôt rejoints par Renault), indique le gouvernement dans la présentation de son plan hydrogène. Dès lors que ces moyens de production commencent à exister, le gouvernement estime que parallèlement, un verdissement de l’usage de l’hydrogène dans l’industrie sera possible.
Développer la mobilité hydrogène
Le plan vise à développer les transports collectifs et marchandises fonctionnant à l’hydrogène et soutenir les projets territoriaux d’envergure. Le développement des technologies et composants clés se poursuivra notamment au travers de projets pilotes pour des navettes fluviales et des navires fonctionnant à l’hydrogène, ainsi que l’accélération des efforts d’innovation en faveur d’un avion décarboné à hydrogène dont l’entrée en service pourrait avoir lieu au cours de la décennie 2030, explique le gouvernement.
Dans ce cadre, avant la fin de l’année 2020, un appel à projets (AAP) « Briques technologiques et démonstrateurs » sera lancé. Cet AAP est doté de 350 millions d’euros jusqu’en 2023. Par ailleurs, un appel à projets « Hub territoriaux d’hydrogène » sera lancé par l’Ademe (doté de 275 millions d’euros d’ici 2023) pour le déploiement, par des consortiums réunissant des collectivités et des industriels fournisseurs de solutions, d’écosystèmes territoriaux de grande envergure regroupant différents usages (industrie et mobilité), pour favoriser au maximum des économies d’échelle.
Soutien à la recherche, l’innovation et la formation
De nombreux nouveaux d’usages de l’hydrogène sont à explorer : utilisation dans les réseaux énergétiques pour faciliter le déploiement des renouvelables, dans l’industrie, la sidérurgie notamment, les mobilités, la décarbonation du secteur gazier. Autant de domaines qui impliquent de la recherche, de l’innovation et de la formation.
Le gouvernement annonce, d’ici la fin de l’année, un programme prioritaire de recherche (PPR) « Applications de l’hydrogène » opéré par l’ANR (Agence nationale de la recherche) qui permettra de soutenir la recherche en amont et de préparer la future génération des technologies de l’hydrogène (piles, réservoirs, matériaux, électrolyseurs…). Ce programme vise à contribuer à l’excellence française dans la recherche sur l’hydrogène et sera doté de 65 millions d’euros.
Dès 2021, sera lancé un « accompagnement du développement de campus des métiers et des qualifications rassemblant, dans la même organisation ou sur le même site, lycées d’enseignement technologique et professionnel (baccalauréats technologiques et professionnels, section de techniciens supérieurs), universités (IUT, licences professionnelles ou spécialisées, masters, formations d’ingénieurs, doctorats) et grandes écoles d’ingénieurs. »
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