Dans un climat stabilisé autour des années 2000, une canicule comme celle de 2003 ne se produirait en moyenne qu’une fois tous les 250 ans environ. Mais dans une France réchauffée de 4°C, cet événement météorologique ne serait plus du tout exceptionnel. C’est la conclusion d’une étude récente de Callendar, start-up spécialisée dans l’évaluation des risques climatiques.
Vers une banalisation des canicules extrêmes
La canicule d’août 2003 a marqué les esprits par son intensité et ses conséquences dramatiques. Ce pic de chaleur sans précédent a causé une surmortalité de 48 %, une baisse générale des rendements agricoles et un recul de l’activité économique. Avec le réchauffement climatique de l’époque, un tel événement restait exceptionnel, avec une probabilité d’apparition d’environ 0,4 % par an. Son occurrence théorique était d’une fois tous les 250 ans.
Mais dans un scénario de réchauffement de 4°C en moyenne en France métropolitaine, l’étude montre que la canicule de 2003 deviendrait la norme dans de nombreuses grandes villes françaises. À Paris, un tel événement se produirait en moyenne quatre fois par décennie. À Marseille, Nice et Montpellier, des vagues de chaleur comparables ou supérieures à la canicule de 2033 se produiraient presque chaque année. À Lyon et Toulouse, on en observerait environ cinq par décennie.
Ces vagues de chaleur deviendraient donc beaucoup plus fréquentes, plus longues et plus sévères. Dans certaines régions, elles pourraient ainsi perdurer plus de deux mois, rendant leur gestion encore plus complexe. « Le coût sanitaire, social, financier et environnemental de telles canicules pourrait être immense », prévient l’étude.
Les défis de l’adaptation
Les défis liés à l’adaptation sont particulièrement importants dans «des secteurs, comme la construction, l’urbanisme ou les infrastructures, où les transformations sont très lentes », souligne l’étude. La transformation des infrastructures, de l’agriculture, du travail, des systèmes de santé, des modes de vie seront notamment incontournables pour faire face à ces canicules extrêmes.
Callendar rappelle l’intérêt de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre pour limiter l’intensité et la fréquence de ces canicules. Toutefois, même en limitant le réchauffement climatique sous la barre des 2°C au niveau mondial (2,7°C en France métropolitaine), les vagues de chaleur seraient beaucoup plus fréquentes qu’aujourd’hui. « Le respect de l’Accord de Paris ne permet pas d’éviter la multiplication des vagues de chaleur, mais la fréquence des canicules les plus sévères, équivalentes ou supérieures à 2003, resterait environ deux fois inférieure à celle projetée pour un réchauffement de 4°C. » Dans ce contexte, la canicule de 2003 se produirait environ deux fois par décennie à Paris.
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