Le contexte autour du plan de relance France 2030 présenté en fin d’année dernière par le Président le la République, Emmanuel Macron, est complexe.
Tout d’abord, il y a l’aspect industriel de la relance. Autonomie, résilience, sobriété… les objectifs avoués à travers France 2030, qui succède au plan « France Relance » adopté quelques mois plus tôt, doivent permettre à l’industrie hexagonale de concilier une amélioration de la compétitivité avec la transition énergétique en cours. Pour résumer, il va falloir produire plus et mieux, tout en réduisant fortement l’empreinte écologique des activités industrielles.
Résilience VS décroissance ?
Un défi complexe, mais qui, comme l’affirmait Alexandre Saubot, président de France Industrie, au lendemain de la présentation du plan France 2030, doit miser au maximum sur le potentiel industriel français pour être couronné de succès : « des solutions pour faire la même chose qu’avant, voire mieux, avec beaucoup moins de carbone. C’est autour de ces innovations (…) qu’on va réussir à préserver, voire à améliorer notre niveau de vie, tout en protégeant mieux la planète. C’est ça l’enjeu. » Le président de France Industrie pose là les bases d’un débat qui est loin d’être clos : la France parviendra-t-elle à atteindre ses objectifs climatiques en produisant moins – la fameuse décroissance – ou en produisant mieux ? Il est clair qu’aujourd’hui la tendance n’est pas à la décroissance. D’ailleurs, parmi les candidats à la prochaine élection présidentielle, même le candidat écologiste, Yannick Jadot, ne mise pas sur une stratégie de décroissance.
Alors comment mettre en œuvre une stratégie gagnante, alors que le contexte sanitaire et mondialisé est plus incertain que jamais ? Alexandre Saubot estime que « si vous voulez décarboner l’économie mondiale, il y a une solution simple, c’est de faire plus en France, pour une raison toute simple : grâce à l’énergie nucléaire et grâce à tout le travail fait par nos industriels, on a, parmi les grands pays industrialisés, le point ou l’euro de PIB le plus décarboné du monde. » Produire en France serait donc la solution miracle, grâce à notre production d’énergie en grande partie décarbonée. Alors pourquoi l’hexagone est-il aujourd’hui, et ceci de manière chronique, dans une situation de déficit commercial aggravé ? Sans se comparer avec l’Allemagne, il convient tout de même d’être lucide. Aujourd’hui, la France affiche un déficit commercial de près de 80 milliards d’euros pour l’année 2021, un record. Les causes de ces résultats, qui se répètent depuis de longues années sont connues : coût du travail, outil industriel vieillissant, taxation… ce qui fait dire à l’économiste Bruno Tinel, dans une interview au Parisien, qu’ « on commence à parler de réveil industriel, mais quand bien même des mesures seraient prises, elles n’auraient pas d’effets visibles avant cinq à 10 ans. La réindustrialisation ne se fait pas du jour au lendemain ».
Le facteur Covid-19
Le défi est donc complexe, surtout si l’on ajoute la problématique Covid-19. La crise sanitaire que le monde traverse depuis plus de deux ans a révélé la fragilité des chaînes de valeur au niveau mondial, et souligné les incohérences d’un marché mondialisé, qui voit des produits de première nécessité, qu’ils soient de santé, informatiques, ou automobiles, être fabriqués par un petit nombre d’acteurs. Cet état de fait, mis en lumière depuis deux ans, doit être remis en question via le plan France 2030.
Difficile de dire aujourd’hui si la nécessité de produire plus localement, plus sobrement, pour être plus autonome industriellement creusera son sillon dans l’hexagone. Si le contexte est aujourd’hui incertain, il est peut-être également l’occasion d’opérer les transitions nécessaires.
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