Voilà un titre qui s'avère être encore plus anxiogène que la fin du monde qui nous a frôlé il y a quelques semaines : selon un papier du Figaro, "Les entreprises réclament des salariés mieux formés". Quoi ? L'intelligence française serait-elle remise en question ? Nous aurait-on menti sur la qualité de notre formation alors que même le voisin germain cherche à débaucher le travailleur gaulois...
A y regarder de plus près, le titre est un peu équivoque. Certes, les entreprises cherchent surement des profils autres que ceux qu’on leur présente tous les jours. Sinon, comment expliquer qu’il y ait encore entre 300 000 et 500 000 postes non pourvus en France ? Il doit bien y avoir un problème pour expliquer que le chômage des cadres, notamment, ait augmenté de 36 % entre 2008 et 2010, selon une étude récente de l’INSEE.
La théorie du mouton à cinq pattes a été développée un peu partout, cette course au candidat idéal qui laisse un grand nombre de candidats songeurs, et interroge sur la capacité des entreprises à sortir de leurs sentiers battus et rebattus. A ce propos, cependant, il faudrait peut-être se demander si les candidats, dans cette période troublée, n’ont pas développé une tendance à la sur-candidature. Selon les chiffres que l’on a aperçu au détour de forums, entre 5 et 20 % seulement des candidatures à un poste correspondent vraiment au poste proposé…
Mais la vraie problématique, ce n’est pas que les salariés soient vraiment mieux formés (bon, on peut surement faire un effort collectif sur l’anglais, n’est ce pas ?), mais surtout qu’il y en ait davantage de bien formés. Une étude du McKinsey Global Institute, dans une augure quasi maya, prophétisait récemment qu’en 2020, 2,2 millions d’emplois seraient vacants faute de diplômés du supérieur aptes à les remplir alors que dans le même temps, 2,3 millions d’actifs non bacheliers seraient incapables de trouver un job.
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Cette tendance, on l’observe déjà chez les ingénieurs : la France en forme chaque année 30 000, ce qui est insuffisant, surtout s’ils décident de faire le mur du côté de Berlin. Pour assurer notamment les besoins des PME très demandeuses, il faudrait en former 40 000 par an, sur les 10 prochaines années. En cas de pénurie, il faudra faire appel à une main d’œuvre étrangère dont les rangs grossisssent vite. L’Inde, par exemple, forme chaque année autant d’ingénieurs que toute l’Union Européenne…
C’est donc du côté de l’Education qu’il va falloir se creuser les méninges pour assurer les besoins futurs (améliorer l’emploi des seniors ne sera pas un luxe non plus). Les pistes de réflexion ne manquent pas : assurer un bon niveau scolaire à tous, améliorer la formation continue, réévaluer les compétences (en Allemagne, on peut devenir ingénieur avec un simple CAP. Vous nous direz, c’est peut-être pour cela qu’ils viennent faire leur marché en France)… ou même réfléchir à la place de l’entreprise dans l’enseignement.
La question fait toujours débat, mais elle mérite d’être reposée. C’est d’ailleurs ce que fait le gouvernement Ayrault en ce moment, lui qui souhaite ouvrir les universités aux entreprises. La CGPME est pour : cela lui permettrait de faire « faire passer nos messages en termes de besoins et de demandes ». Le MEDEF est également intéressé.
Faire coïncider besoins et formation est sans doute indispensable désormais. En s’associant avec le monde professionnel, les écoles et l’université pourraient même finalement devenir des usines à produire des moutons à 5 pattes. Les recruteurs sauteront au plafond. Il restera nénamoins une question en suspens : que se passera-t-il quand le mouton voudra quitter l’enclos ?
Source : atlantis-rh.fr
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