Depuis plus de vingt ans, les exigences du marché ainsi que les mutations des systèmes productifs ont conduit à des évolutions structurelles profondes de la maintenance industrielle. Ces évolutions se sont traduites également par la nécessité, pour les équipes de maintenance, d’acquérir et de développer un large éventail de compétences débordant largement les compétences techniques classiques qui étaient, jusqu’à une époque récente, l’apanage des techniciens de maintenance. Dans certains cas, la fonction maintenance a dû vivre une véritable « révolution culturelle » tant le « métier » de maintenance a évolué : dépanner et/ou réparer ne suffit plus ; il s’agit de plus en plus de garantir au meilleur coût la disponibilité requise pour les systèmes de production et même d’accroître leurs performances. Ces impératifs ont conduit la fonction maintenance à définir quatre axes stratégiques de développement :
- structurer une fonction « méthodes maintenance » dans le cadre d’un processus qualité et dans le respect des normes de maintenance ;
- intégrer la maintenance « de premier niveau » dans les tâches dédiées aux utilisateurs ;
- optimiser la politique de maintenance par le développement raisonné de la maintenance préventive ;
- externaliser tout ou partie de la maintenance.
Les compétences requises pour les mainteneurs se présentent ainsi selon un éventail très vaste :
- capacité à choisir une politique de maintenance appropriée à la criticité des équipements concernés ;
- prise en compte des aspects financiers (coûts…) dans le cadre d’une gestion optimisée des biens tout au long de leur cycle de vie ;
- organisation et planification des interventions ;
- compétences techniques allant des technologies traditionnelles (mécanique, électricité…) aux technologies de pointe présentes maintenant dans tous les moyens de production (automatismes, informatique industrielle…).
Contrairement aux utilisateurs qui sont de plus en plus éloignés des interventions directes sur les machines, leurs actions étant dans la presque totalité des cas relayées par les incontournables automates, les mainteneurs n’ont vu leur travail que peu impacté par le développement de l’automatisation. Maintenir un matériel nécessite toujours, et pour longtemps encore, d’intervenir directement sur la matière. C’est pour cela essentiellement que les formations à la maintenance doivent être solidement ancrées dans les technologies et les principes scientifiques sur lesquels elles reposent.
C’est pourquoi la formation des mainteneurs à tous les niveaux, que ce soit leur formation initiale ou la formation permanente tout au long de leur carrière, prend de plus en plus d’importance dans la maîtrise du processus maintenance. Jouant un rôle précurseur et sous la pression de quelques pionniers visionnaires, l’Éducation nationale a mis en place depuis bientôt vingt-cinq ans un ensemble de filières de formation couvrant les besoins de tous les niveaux hiérarchiques (la France est d’ailleurs le seul pays européen à avoir mis en place un système de formation complet et cohérent).
Parallèlement à cette structure nationale de formation initiale, un dispositif de formation permanente s’est développé progressivement en s’appuyant sur l’édition et la diffusion de l’ensemble des documents normatifs publiés par l’Afnor (Association française de normalisation) depuis 1978 et par le CEN (Comité européen de normalisation) depuis 1994. Actuellement, l’offre de formation, qu’elle soit initiale ou permanente, couvre l’ensemble des besoins et l’objet du présent article est d’en présenter la diversité et la richesse. Il reste cependant un paramètre important risquant d’avoir des répercussions sur la formation permanente en général : c’est l’application de la loi 2004-391 du 4 mai 2004 portant réforme du dispositif de formation professionnelle continue. Cette loi, dont il est trop tôt pour appréhender les conséquences, vient modifier de façon profonde le concept même de formation professionnelle tout au long de la vie, ne serait-ce que par la création du DIF (droit individuel à la formation) inscrit dans le Code du travail ou du parcours de professionnalisation. Certes, ce texte législatif fixe un cadre juridique général, mais, pour son application pratique, il laisse également une grande marge de manœuvre dans le cadre de négociations dans les entreprises, les branches professionnelles et les instances interprofessionnelles.
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