FreedomPop est ce que l’on appelle un opérateur de réseau mobile virtuel (MVNO), un opérateur qui ne possède pas de réseau propre, mais contracte des accords avec un ou des opérateurs mobiles possédant leur réseau mobile. En achetant de la bande passante en gros, il peut ensuite la revendre au détail en utilisant sa marque propre.
Quelle est son offre ?
Lancée en 2012 à Los Angeles, la société FreedomPop a commencé son activité en tant que fournisseur d’accès à Internet. En 2013, elle a lancé son premier forfait à zéro dollar. Et cela marche : en mai 2014, elle possédait déjà plus de 250 000 clients dans le pays. Aux Etats-Unis, FreedomPop achète des données 3G et 4G à l’opérateur Sprint pour proposer un forfait de base gratuit. Ce dernier inclut 3h20 d’appel, 500 SMS/MMS et 500 Mo d’internet mobile.
FreedomPop utilise le réseau 4G pour traiter la téléphonie comme un flux Internet. Les appels téléphoniques passent par cet accès internet mobile, un peu comme Skype utilise la connexion résidentielle, ce qui lui coûte 5 fois moins cher. Pour ce faire, il passe par une application à télécharger sur smartphones.
Mais rien n’est gratuit ! Pour être rentable, ce MVNO s’appuie sur le portefeuille client de son forfait gratuit. Ces clients sont susceptibles d’acheter ses options supplémentaires: hors-forfait, forfaits payants, connexion plus rapide, vente de smartphones… Environ la moitié de ses utilisateurs ne paie pas d’abonnement, tandis que l’autre moitié souscrit à des services payants. C’est le modèle « freemium » que l’on retrouve sur presque toutes les applications sur smartphones. Si le service de base y est gratuit, il faut ensuite payer pour avoir des options supplémentaires.
La Belgique, point d’ancrage en Europe
FreedomPop décide de s’attaquer au marché européen, en commançant par la Belgique. Il vient d’y signer un accord commercial avec Base (filiale du Hollandais KPN), le troisième plus grand opérateur mobile du pays, qui va lui louer son réseau 3G/4G. L’offre est encore en cours d’élaboration et sa date de commercialisation n’est pas encore communiquée. Néanmois, la société confirme que le tarif gratuit de base comprendra le même contenu qu’outre-Atlantique. « La Belgique est un marché test, explique Stephen Stokols, fondateur et patron de FreedomPop. C’est un petit marché, en bonne santé et où tout le monde a une carte de crédit. C’est un bon moyen avant d’arriver en Europe ».
Pour se lancer en Europe, FreedomPop adaptera quelque peu sa stratégie. Il ne vendra pas tout de suite des smartphones, il se contentera dans un premier temps de vendre des cartes SIM nues. La France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni sont aussi d’ores et déjà dans son viseur.
Une offre pour la France ?
Selon les informations de BFM Business, FreedomPop serait déjà en train de discuter un accord de MVNO avec l’un des opérateurs français. Il annoncerait même une offre « 50% plus intéressante que celle de Free ». FreedomPop pourrat-il réussir là où Virgin Mobile, NRJ Mobile, Crédit Mutuel Mobile et les 41 autres MVNO n’ont pas réellement bousculé les positions des grands opérateurs ?
En France, l’opérateur Free Mobile a fait une entrée réussie sur le marché en 2012 en « cassant » les prix grâce à son forfait à 2 euros (et à 0 euro pour les abonnés fixes Freebox). Ce forfait de base de Free Mobile propose 2 heures d’appels, SMS/MMS illimités, 50 Mo d’internet 3G/4G, soit 1h20 d’appels et 450 Mo de données en moins que le forfait de FreedomPop. Alors que l’on pensait que « Free a tout compris », l’opérateur pourrait bien être obligé de réadapter à nouveau son forfait si FreedomPop parvenait à arriver sur le territoire.
Rappelons néanmoins que l’Arcep, l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes a récemment publié son étude sur la qualité des réseaux de téléphonie mobile. Si Orange arrivait en première position avec 213 indicateurs sur 258 au-dessus de la moyenne, Free Mobile fournissait le moins bon service avec seulement 2 indicateurs au-dessus de la moyenne. Alors, la guerre des prix peut-elle s’accompagner d’un service de qualité ? Le marché ne cesse de critiquer la tendance des prix cassés, souvent au dépend de la qualité du réseau, de l’investissement et de l’emploi. La qualité se paye et rien n’est gratuit, il ne faut pas l’oublier !
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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