C’est la nouvelle tendance dans les grandes villes en manque de verdure. Pour manger local, et plutôt que de vivre à la campagne, certains ont préféré faire venir les cultures à la ville. Si la question du modèle agricole urbain se pose depuis les années 1990, plusieurs startups se sont emparées du sujet durant ces dernières années. Elles s’appellent Agricool, Infarm, Agripolis ou encore Peas&Love, et sont à l’origine de l’installation de potagers d’un genre nouveau à l’intérieur ou à la périphérie de grandes villes. Sur son site internet, la jeune pousse française Agricool affirme « contribuer chaque jour à la construction d’un nouveau système alimentaire, plus sain, plus responsable ».
De manière générale, les cultures des fermes urbaines sont également composées de fruits, d’aromates, de graines germées, et de salades. Les différents plants poussent dans des substrats, sous des LED qui imitent le rayonnement solaire. Ces serres innovantes fonctionnent par hydroponie, voire aéroponie pour les plus récentes. Qu’elles soient hydroponiques ou aéroponiques, l’un des intérêts de telles unités de culture est de drastiquement réduire les besoins en eau, jusqu’à 90 %.
Un « modèle fiable » et une levée de fonds de 30 millions d’euros
Créée en 2015 par Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru, tous deux fils d’agriculteurs, Agricool a développé une technologie de culture verticale, installée dans d’anciens conteneurs maritimes. Au départ, la jeune pousse s’est spécialisée dans la culture de fraises. « Notre solution est modulaire. Ces containers recyclés sont comme des briques de Lego à taille humaine et parfaitement adaptés pour s’intégrer dans les villes » explique Guillaume Fourdinier, par voie de communiqué. « Ces briques peuvent être empilées, dissociées, rattachées. Tout a été pensé pour s’adapter au mieux aux contraintes inhérentes aux espaces urbains », ajoute-t-il.
Forte de ses premières expériences en région parisienne, la startup a inauguré le 11 février dernier un nouveau site à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis (93). Dix conteneurs, dans lesquels pousseront fraises, salades et herbes aromatiques, ont été installés. Aujourd’hui, la startup propose la culture de six produits différents, dont du basilic, de la coriandre ou du persil. Tous les plants seront présents sur ce nouveau site. « Ces produits marquent le début de notre production diversifiée » précise Guillaume Fourdinier. Tous ces produits seront ensuite commercialisés dans différents points de vente. À Paris, les références d’Agricool sont vendues dans plusieurs magasins Monoprix.
En rayon, une barquette de 125 grammes de fraises est vendue 2,99 euros. 100 grammes de salade sont, quant à eux, vendus 3,20 euros. La startup envisage également d’organiser des ventes en direct dans ses lieux de culture. « Sur quatre ans de recherche et développement, nous avons désormais fait la preuve que notre modèle est fiable, nous avons fait baisser nos coûts de production de 30 % et nous gagnons de l’argent » affirme à l’AFP Guillaume Fourdinier. Ainsi, le modèle économique de la jeune société semble séduire. Depuis son lancement, Agricool a levé plus de 30 millions d’euros, notamment venus de Bpifrance et du fonds Danone Manifesto Ventures.
Des fermes urbaines en entrepôt, au plus près des clients
La startup allemande Infarm a, quant à elle, adopté une autre stratégie. Cette jeune pousse a proposé à ses clients d’intégrer directement des unités de culture au sein même de leurs lieux de travail. « L’entreprise propose des potagers d’intérieur que nous installons directement dans les restaurants et les supermarchés », explique Florian Cointet, DG d’Infarm France à L’Étudiant. Actuellement, la société est présente en Allemagne, au Danemark, en France, au Luxembourg et aux États-Unis. Au total, plus de 500 potagers Infarm ont déjà été installés. En France, cette jeune pousse travaille également avec Metro, fournisseur de matières premières essentiellement pour les professionnels des métiers de bouche.
En novembre 2018, la firme a intégré dans son entrepôt de Nanterre dix-huit potagers en verre sur une surface de 80 m². L’investissement s’est élevé à environ 200 000 euros. Pour Benoît Feytit, directeur général de Metro France, installer des potagers urbains au sein de ses entrepôts permet de valoriser les circuits courts et de répondre à une demande de la clientèle. « Ce projet […] illustre […] notre volonté d’innover et de proposer à nos clients des produits […] respectueux de l’environnement. C’est aussi l’une des réponses que nous souhaitons apporter à la demande de plus en forte de nos clients […] de favoriser les circuits courts » explique-t-il. À l’heure actuelle, Metro propose à ses clients 22 variétés différentes d’herbes aromatiques et de micro-végétaux.
Pour l’entreprise, posséder une ferme urbaine permet de vendre immédiatement les produits aux clients. En effet, les vitrines d’Infarm ne sont éloignées des étals que de quelques mètres. Notons qu’ainsi cultivés, les produits coûtent en moyenne 10 à 15 % plus cher que leur équivalent en référence classique. Plusieurs restaurateurs ont d’ores et déjà été séduits par ces produits. Parmi eux se trouve Guillaume Gomez, meilleur ouvrier de France et chef des cuisines de l’Élysée.
Aujourd’hui, la part des herbes et végétaux issus de la ferme urbaine ne représente pas encore un revenu significatif. « Cela ne remplacera jamais l’agriculture classique, c’est une solution supplémentaire, qui est essentielle pour éduquer nos clients » concède Ertan Yilmaz, responsable du secteur Food chez Metro.
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