La faible proportion de femmes ingénieures a incité la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) à mettre en place l’opération Ingénieuses en 2011, afin d’attirer davantage de jeunes filles en écoles d’ingénieur-e-s. La cérémonie de remise des prix a eu lieu le 25 mai dernier, l’occasion de rencontrer les lauréats de la catégorie Enseignement de l’égalité, l’Ecole des Mines de Saint-Etienne.
Les actions :
Au niveau des personnels, l’année 2018 a donné lieu à différentes actions comme la mise en œuvre de la charte égalité au sein de notre Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle, l’organisation d’ateliers et le pilotage actif de la commission sur l’égalité femmes/hommes.
Au niveau des élèves, un module « interculturalité » divisé en trois grands thèmes leur a été proposé : interculturel sociétal, interculturel géographique et interculturel scientifique. Ces ateliers se déroulent sur trois jours. Parmi ces trois thèmes, le module interculturel sociétal intègre la dimension de l’égalité femmes/hommes.
Depuis 2011, l’association WoMines soutient les démarches étudiantes en faveur des femmes. Le but est de valoriser la place des femmes ingénieures, encore minoritaires, à l’école et dans le monde du travail. Par extension, la volonté de ce projet d’élaboration d’un réseau, de conférences et de conseils, est de favoriser l’insertion des femmes ingénieures dans le monde du travail et ce dès leur admissibilité au concours d’entrée, puis en facilitant leur intégration dans l’école et la résidence des élèves. L’action principale de Womines est le marrainage dans les lycées locaux.
Entretien avec Hélène Pangot, préfète des études, référente égalité femmes-hommes pour l’Ecole des Mines de Saint-Etienne
- Un état des lieux, notamment de tous les publics concernés.
- La création d’une commission paritaire sur ce sujet (comme il en existait déjà une sur le handicap). Celle-ci a été mise en place fin 2016.
- Des premières actions, un peu éparses la première année.
- Enfin, un réel plan d’action cette année, pour tous les publics.
Certaines de ces actions sont alors directement intégrées dans le cursus de nos élèves, avec des crédits ECTS à la clé. Par exemple, nous avons mis en place des modules d’interculturalité : 3 jours en workshop, la plupart du temps à l’extérieur de l’école. Cette année 2 modules ont été proposés :
- Nous avons envoyé certains de nos élèves à la rencontre des collégiens et lycéens, avec un travail de préparation en amont, afin de les faire échanger sur les stéréotypes.
- D’autres élèves ont suivi un module sur la connaissance et la réappropriation du corps selon les cultures. Ce module, assez original, a pu être suivi par 8 élèves, filles comme garçons, et a été plutôt bien perçu.
Je dirais donc qu’il a donc fallu un temps de préparation puis un temps de maturation, avant d’arriver à un projet global élaboré. A travers la participation à ce concours, nous souhaitions nous évaluer et savoir comment nos actions pouvaient être perçues de l’extérieur.
Comment l’Ecole favorise-t-elle l’égalité femmes/hommes ?
Grâce à la commission égalité “Femmes.Hommes” mise en place, nous avons pu avancer sur ces questions. Les premières commissions ont été assez animées, il était difficile de trouver des consensus. En effet, il est parfois compliqué de trouver la bonne posture : certain-e-s vont être très féministes, d’autres plus modéré-e-s, le curseur est difficile à placer. C’est pour cela qu’il a été important pour nous ne nous faire accompagner par une personne ressource extérieure à l’école sur ces questions. Et au final, cela se passe bien, pour les hommes comme pour les femmes.
Cette commission nous a permis de lancer des projets : cette année nous avons essayé de mettre en place une action par saison. Par exemple, nous avons organisé une rencontre du personnel avec une personne qui travaille sur la question du genre dans les jeux vidéo. Les personnels ont été plutôt réceptifs à ce type d’opération.
Nous travaillons également avec la Rotonde, le Centre de culture scientifique technique et industrielle de l’École des Mines de Saint-Étienne, qui a un engagement fort, avec par exemple la rédaction d’une charte sur l’égalité face aux sciences pour le grand public.
Des milliers de jeunes femmes vont être diplômées ingénieures dans les mois qui arrivent, quel conseil pouvez-vous leur donner pour débuter leur carrière du bon pied ?
Ne pas hésiter à se mettre en avant et à valoriser son parcours et ses réalisations. Elles ne doivent pas se censurer, notamment au niveau des salaires. On constate régulièrement qu’elles vont spontanément demander moins que leurs homologues masculins. Elles partent alors déjà avec un retard dès le début de leur carrière. Il faut oser, elles le valent. Elles ont le même diplôme et les mêmes compétences.