Disponible dans un premier temps aux États-Unis, le service de paiement en ligne Facebook Pay permet d’acheter des jeux, des billets pour des spectacles ou des événements. Il propose aussi de réaliser des virements entre personnes via Messenger, Instagram et WhatsApp. Avec ce service, Facebook confirme son ambition de devenir un poids lourd du e-commerce.
Avec Facebook Pay, le réseau social se transforme en porte-monnaie électronique. Il prend en charge la plupart des cartes de crédit ainsi que PayPal et Stripe (une plateforme de paiement en ligne). Ce service est complètement séparé de Libra et Calibra, la cryptomonnaie (un projet abandonné ou repoussé) et le porte-monnaie numérique de Facebook.
Ce n’est pas la première fois que le réseau social permet des paiements en ligne. « Facebook offre des expériences de paiement fiables depuis 2007 et nous avons déjà traité plus de 2 milliards de dollars en dons depuis que nous avons lancé nos premiers outils de collecte de fonds en 2015 », déclare-t-il dans un communiqué publié mi-novembre.
Mais l’arrivée de ce nouveau service préfigure l’évolution du réseau social vers une plateforme de commerce électronique. Un indice confirme cette stratégie : l’intégration d’Instagram laisse supposer que ce site de partage d’images et de vidéos sera utilisé pour doper les ventes. En un mot, Facebook ambitionne de profiter du social shopping.
« L’année 2020 pourrait bien être celle de l’avènement du social shopping. De plus en plus de clients effectuent des achats directement depuis les médias sociaux au lieu de se diriger vers une application ou une boutique en ligne après avoir découvert un produit sur les médias sociaux », a déclaré Ben Itzhak, CEO de Socialbakers, un cabinet spécialisé dans l’analyse des médias sociaux.
Acheter sur Instagram et WhatsApp
Or, Facebook reste incontournable. Même si les spécialistes du marketing ont augmenté leurs dépenses pour Instagram, plus de 60% de toutes les dépenses publicitaires totales sont toujours affectées au fil d’actualité Facebook. « Le flux Instagram vient en deuxième position loin derrière avec 20 % » selon Socialbakers.
Et la position de Facebook dans le social shopping ne cesse de se renforcer. Après avoir intégré en mars dernier une option d’achat pour un produit présenté sur Instagram, le réseau social a lancé début novembre une fonction de catalogue sur WhatsApp, acquis en 2014 pour 19 milliards de dollars.
Pour l’instant, ce nouveau service reste assez basique, mais il permet aux petites entreprises d’afficher une « vitrine mobile » mettant en valeur leurs produits avec des images et des prix. Actuellement, cette fonctionnalité n’est disponible qu’au Brésil, en Allemagne, en Inde, en Indonésie, au Mexique, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Elle sera déployée dans le monde entier très prochainement.
Logiquement, lorsque l’on évoque les achats en ligne, on pense rapidement à la sécurité et à la confidentialité des transactions. Le discours de Facebook est clair : « achetez tranquillement, nous veillons sur la sécurité ».
Protection des données et Facebook : le flou perdure
Officiellement Facebook Pay sera sécurisé afin de rassurer les internautes . « Avec Facebook Pay, nous continuons à investir dans la sécurité. Nous l’avons conçu pour stocker et crypter en toute sécurité vos numéros de carte et de compte bancaire, effectuer une surveillance antifraude sur nos systèmes afin de détecter toute activité non autorisée et fournir des notifications d’activité de compte. Vous pouvez également ajouter un PIN ou utiliser la biométrie de votre appareil, comme la reconnaissance tactile ou l’identification faciale, pour plus de sécurité lorsque vous envoyez de l’argent ou effectuez un paiement. Facebook ne reçoit ni ne stocke les informations biométriques de votre appareil. »
Le réseau s’est également engagé à ne pas partager l’historique de vos achats aux annonceurs. En revanche, Facebook s’autorise à collecter certaines informations provenant de Facebook Pay afin d’affiner son ciblage publicitaire. Mais sans préciser lesquelles.
Publicité ciblée
Et c’est bien là le problème. Facebook a toujours cultivé le culte du secret et a multiplié les annonces rassurantes, qui se sont révélées fausses quelque temps plus tard. En particulier sur la protection de la vie privée, comme le rappellent le scandale de Cambridge Analytica et le rachat de WhatsApp, pour lequel Brian Acton (cofondateur de l’application) avait d’ailleurs déclaré : « En fin de compte, j’ai vendu mon entreprise. J’ai vendu la vie privée de mes utilisateurs pour un plus grand profit. J’ai fait un choix et un compromis. Et je vis avec ça tous les jours… »
En lançant Facebook Pay et en devenant une plateforme de e-commerce, le réseau social pourrait récupérer encore plus de données personnelles pour mieux les exploiter ensuite via de la publicité ciblée notamment…
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