Selon cette étude, l’activité française en matière de fabrication additive métallique est encore peu structurée pour la production de série et les équipements sont surtout la propriété de centres de recherche et de formation. Le marché est partagé en trois segments assez équilibrés : 30% pour les poudres (19,5M€), 40% pour les équipements (24M€), et 30% pour la fabrication des pièces(17,1M€). Les auteurs du rapport estiment que « la croissance sur le segment métal en France suit la tendance mondiale grâce à des donneurs d’ordres importants en aéronautique et en automobile » et devrait doubler entre 2018 et 2025 pour atteindre 122M€. La répartition du chiffre évoluerait avec le développement de la fabrication de pièces de série pour se répartir en 20 % pour les poudres, 30 % pour les équipements et 50 % pour la fabrication de pièces.
Une filière française qui se structure
Même si le marché est encore timide, plusieurs indices montrent que toute la filière est en train de se structurer. Tout d’abord, on voit l’émergence de gros acteurs tel Addup (co-entreprise de Fives et Michelin) qui grandit notamment par croissance externe, en rachetant d’autres entreprises françaises spécialisées et qui espère capter 10 % du marché mondial des équipements d’ici 2023. Ensuite, on observe le développement de la production de pièces en série et plus seulement des seules activités de prototypage qui se fait souvent par des alliances entre prototypistes, fabricants de machines et donneurs d’ordre. Cependant, ce développement ne se fait pas forcément avec des alliances franco-françaises et certains donneurs d’ordre travaillent avec des spécialistes de la fabrication additive métallique à l’étranger tels PSA qui travaille avec l’américain Divergent ou Mecachrome avec le norvégien Norsk Titanium. Les principaux secteurs actifs dans la fabrication additive métallique en France n’ont pas beaucoup évolué ces cinq dernières années. Il s’agit de l’aéronautique et du spatial, du médical et de l’automobile. Trois autres secteurs sont en train d’émerger : le luxe même si les volumes seront limités, l’énergie et la fonderie et l’outillage (pour la fabrication des moules notamment).
L’exemple de la fonderie française
En mai 2019, 3D Métal Industrie est née de la mutualisation des moyens de six fondeurs ardennais, d’un bureau d’étude et de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Cette entreprise, installée à Charlevilles-Mézières, a acquis en juin une machine du fabricant ExOne – la S-Max Furane – dont les dimensions permettent de produire des moules d’une taille maximum de 1 800 x 1 000 x 700 mm et qui fonctionne sur la technologie du liage de sable afin de fabriquer des noyaux et des moules par fabrication additive. L’investissement de plus d’1,2 M€ n’était possible que via cette mutualisation. L’idée de l’entreprise est née des collaborations qui ont eu lieu pendant 3 ans sur la plateforme régionale Platinium 3D, qui accompagne les entreprises sur les procédés de fabrication additive, notamment métallique. Pour Renaud Mignolet, président de cette nouvelle entité, « cette technologie qui révolutionne la fonderie permet de fabriquer vite et mieux plusieurs pièces de fonderie dans différents alliages et sans coût d’outillage. […] Elle offre ainsi des perspectives de diversification sur des marchés à forte valeur ajoutée tout en permettant d’être plus compétitifs, performants et réactifs et de réaliser des économies de transport ».
Métal Industrie espère atteindre le million d’euros de chiffre d’affaires d’ici 5 ans en visant le marché français et européen. Cette initiative est emblématique de la structuration du marché français : un travail en réseau, une mutualisation des moyens qui s’appuie sur un tissu de PME dynamiques.
Un besoin de formation et d’accompagnement
Cette étude détaille aussi les principaux freins à lever pour que le marché tant mondial que français puisse pleinement prendre son essor. En France, les entreprises expriment un besoin important de formations « en re-conception mécanique pour apprendre à identifier les pièces où la fabrication additive métallique est adaptée et apporte une valeur ajoutée par rapport aux procédés traditionnels d’élaboration de métaux » explique l’étude.
Le besoin d’accompagnement a été clairement identifié et pris en compte par les pouvoirs publics. En France où les TPE/PME forment toujours le cœur du tissu industriel, cet accompagnement tant pour l’information, la formation, la réalisation de preuves de concept et le prototypage est essentielle afin de permettre à de petites structures d’accéder à ces nouvelles technologies. On voit donc émerger de nombreux programmes d’aides au niveau national ou régional et la création de plateformes mutualisées permettant un accès facilité aux équipements et aux compétences liés à la fabrication additive métallique.
Cet article se trouve dans le dossier :
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