Depuis 2013, les stagiaires du Centre national d’études spatiales (CNES) se sont employés à mettre au point un nanosatellite expérimental nommé EyeSat, en orbite depuis décembre 2019. Environ 250 étudiants ont contribué au projet depuis son démarrage. Entretien avec Nicolas Verdier, ingénieur au CNES et chef de ce projet.
Techniques de l’Ingénieur : Quelles sont les dimensions du nanosatellite EyeSat ?
Nicolas Verdier : EyeSat est petit, fait trente centimètres de longueur, dix centimètres de largeur et dix centimètres de profondeur, soit l’équivalent de la moitié d’une boîte à chaussures. Malgré sa petite taille, EyeSat est doté des mêmes éléments qu’un vrai satellite.
Comment est né le projet EyeSat ?
EyeSat est né à la suite d’une idée de mon prédécesseur Alain Gaboriaud, soutenu par le CNES. Le projet a vu le jour après l’émergence des nanosatellites dans le paysage spatial. C’est ainsi que le CNES a décidé de lancer le programme Janus, qui a pour objectif de soutenir le développement de satellites dans un cadre universitaire. Ce programme s’est décliné en deux branches. La première, interne au CNES, a donné lieu au projet EyeSat. La seconde a permis de cofinancer des projets réalisés dans les universités françaises.
Dans quel but ce projet a-t-il été lancé ?
Le premier objectif de ce nanosatellite est éducatif. Le but pour nous est de faire travailler de jeunes futurs ingénieurs ou futurs chercheurs sur des technologies spatiales. Le second sens de cette mission est de mesurer la lumière zodiacale. Cette lumière est issue de la réflexion du soleil sur de petites particules qui se trouvent sur le plan de l’écliptique, celui sur lequel les planètes du système solaire évoluent. Ces fines poussières sont importantes lorsque l’on veut faire de l’observation astronomique car elles sont potentiellement gênantes. C’est un petit télescope, également réalisé par une équipe d’étudiants, embarqué au sein du nanosatellite, qui nous permet d’observer cette lumière zodiacale. À l’heure actuelle, nous sommes encore dans une phase de calibration des outils. Les observations seront faites à l’automne, meilleure période pour l’observation de la lumière zodiacale.
Pourquoi EyeSat est-il également une réussite technologique ?
Au niveau de la plateforme du satellite, la partie qui le fait fonctionner, plusieurs éléments sont nouveaux. Ainsi, les outils de mesure, l’ordinateur de bord et les systèmes de guidage utilisés pour ce nanosatellite volent pour la première fois. Ces équipements sont issus des programmes Recherches et Technologie du CNES, et réalisés avec l’aide de plusieurs industriels français. L’ordinateur de bord est un produit de la société Steel. Le système de télémesure et de télécommande, qui permet d’établir le lien avec le satellite, a été produit par la société Syrlinks. Les nouvelles antennes ont été faites par l’entreprise Anywaves.
Pouvez-vous tirer un premier bilan de la mise en orbite de ce nanosatellite ?
Jusqu’à présent, EyeSat fonctionne bien, c’est une belle réussite technique. Depuis sa mise en orbite à la fin de l’année dernière, nous n’avons eu à déplorer que quelques soucis avec les roues à inertie. Cependant, une mise à jour a permis d’améliorer la situation. Comme EyeSat est le premier démonstrateur nanosatellite du CNES, nous avons prévu que sa durée de vie serait d’environ une année. Pour un satellite expérimental de cette taille, c’est une durée satisfaisante.
Le projet EyeSat aura-t-il une suite ?
Oui, c’est le projet AéroSat. Il a débuté, et devrait durer trois ou quatre ans. AéroSat reprendra la plateforme d’EyeSat car nous en sommes satisfaits. Nos travaux seront, cette fois-ci, axés sur les charges utiles. Il y en aura sept, alors que pour EyeSat il n’y en a qu’une.
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