L'INRAE va tester un démonstrateur agrivoltaïque associant le pâturage de bovins dans une parcelle où seront installées plusieurs rangées de panneaux solaires bifaciaux verticaux. Cette expérimentation, réalisée en partenariat avec ENGIE Green, doit débuter au printemps.
Après le pâturage des ovins sous des panneaux solaires, l’INRAE va tester un démonstrateur agrivoltaïque avec des bovins. Pour cette nouvelle expérimentation, les animaux ne vont pas pâturer sous l’installation, mais à côté puisque ce projet a pour originalité d’utiliser des panneaux photovoltaïques bifaciaux verticaux. Baptisé Camelia, il sera mené en partenariat avec ENGIE Green et doit débuter au printemps prochain, à Laqueuille dans le Puy-de-Dôme, sur une ferme expérimentale de l’institut.
Les panneaux seront placés sur une parcelle de 0,9 ha, à proximité d’une zone témoin. Sept haies photovoltaïques seront installées parallèlement, avec deux niveaux d’écartements de 12 et 18 mètres. Elles seront orientées à l’est et à l’ouest, permettant ainsi deux pics journaliers de production d’énergie, le matin et l’après-midi. Chaque haie sera constituée de deux rangées de panneaux solaires superposés, et l’installation devrait au total développer une puissance de 100 KW.
Avant le début des travaux, une étude de la parcelle sera réalisée afin d’évaluer le tassement du sol, ses caractéristiques et la végétation déjà présente. Au cours du chantier d’installation de ce démonstrateur, la circulation des engins sera géolocalisée à l’aide de GPS pour mesurer leurs effets sur le tassement du sol. Les panneaux seront fixés à l’aide de pieux avec une emprise au sol relativement limitée, mais des tranchées devront être réalisées pour faire passer les câbles électriques. « Nous avons demandé à ENGIE Green de soulever des mottes de terre afin de ne pas trop impacter le sol et la végétation. Nous allons, entre autres, évaluer l’impact du chantier sur le carbone stocké dans le sol », déclare Catherine Picon-Cochard, directrice de recherche à l’INRAE.
L’effet d’ombrage des panneaux pourrait être positif pour la végétation
Le protocole de recherche s’étalera sur 3,5 ans. L’impact agronomique de l’installation sera analysé, notamment sur le microclimat aérien (lumière, vent, humidité, albédo…) et souterrain (température, humidité du sol…), ainsi que sur la croissance de la végétation, et la qualité de la ressource fourragère. « Nous allons analyser comment l’écosystème réagit face à cette installation et fournir des références à la fin de l’étude, ajoute Catherine Picon-Cochard. Nous pensons que l’ombrage des panneaux peut avoir des effets bénéfiques sur la végétation, notamment l’été. C’est ce que nous avons déjà constaté sur d’autres études avec des panneaux solaires classiques sous la forme de tables, orientés au sud. Bien qu’ici cet effet devrait être moins important puisque les panneaux sont verticaux. » L’évaluation de l’impact sur la biodiversité sera quant à elle confiée au bureau d’expert indépendant Crexeco, associé à ce projet.
Le comportement des bovins sera aussi étudié. Afin de respecter un chargement animal et ne pas provoquer de surpâturage, deux génisses seront présentes dans la parcelle expérimentée. Pour limiter le risque qu’elles se frottent contre les panneaux, deux brosses seront installées à l’extrémité d’une des haies. Les chercheurs comptent observer les animaux pour étudier s’ils profitent de l’ombre de l’installation et comment ils réagissent face à ces panneaux formant des couloirs. « Des apports d’engrais seront réalisés dans la parcelle, car l’idée est qu’elle soit pâturable et mécanisable, poursuit Catherine Picon-Cochard. Nous étudierons comment les engins agricoles circulent entre les haies et la dispersion de l’engrais en veillant à ce qu’il ne se projette pas sur les panneaux. »
Le travail de modélisation de la production énergétique sera réalisé au Laborelec, un centre de recherche d’ENGIE, qui analysera les performances de ce dispositif. L’objectif de ce projet d’agrivoltaïsme étant d’aller plus loin qu’une seule mixité d’usage et d’atteindre une synergie entre cette production d’électricité et l’activité agricole.
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