Après le rapport accablant de Jean-Martin Folz remis fin octobre aux ministres de l’Economie et de la Transition écologique, Jean-Bernard Levy, PDG d’EDF avait été sommé par les ministres Bruno Le Maire et Elisabeth Borne de leur rendre dans le mois suivant ses propositions pour remettre la filière nucléaire française sur pied. C’est désormais fait.
EDF a présenté le 13 décembre le plan «Excell», supposé permettre «à la filière nucléaire d’atteindre le plus haut niveau de rigueur, de qualité et d’excellence», signale le groupe. Un retour de l’excellence supposé, à terme, comme d’ailleurs le fait le rapport Folz, permettre aussi de construire de nouveaux réacteurs en France.
«La mise en œuvre de ce plan sera supervisée par un délégué général à la qualité industrielle et aux compétences qui rapportera directement au président-directeur général d’EDF», indique le communiqué. Excell sera déployé dès 2020, et doté d’un budget spécifique de 100 millions d’euros pour la période 2020-2021.
Renforcer la qualité industrielle
Ce plan repose sur trois grands axes. D’abord, et c’était la première exigence du rapport Folz, un «renforcement de la qualité industrielle ». Le plan prévoit dans ce cadre, une révision en profondeur de la relation « client-fournisseur » pour un partage plus équilibré des risques et des contrats en phase avec les pratiques industrielles. EDF s’engage à faire en sorte que le choix des fournisseurs valorise davantage les critères de qualité. Les fournisseurs seront également mieux associés à l’élaboration des spécifications et à l’analyse de la constructibilité. De plus, un nouveau schéma de qualification des fournisseurs sera déployé pour les projets de construction de nouveaux réacteurs, renforçant les exigences et pouvant être étendu aux entreprises sous-traitantes de rang 2 et au-delà. Enfin, pour les opérations les plus sensibles, «une qualification des procédés de fabrication d’une part, et des outils de traçabilité renforcés d’autre part, seront mis en œuvre, permettant de garantir la qualité des pièces», explique le groupe. En clair, le monitoring des pièces maitresses des réacteurs sera sérieusement renforcé. La mise en œuvre de ce premier axe sera analysée par «le délégué général qualité industrielle et compétences », qui s’attachera à l’étude des dysfonctionnements et garantira la mise en place des meilleures pratiques à EDF, à Framatome (dont EDF est actionnaire majoritaire) et au sein de la filière. Excell précise en outre que «le plan stratégique de Framatome décline ces orientations pour une amélioration de la qualité de ses fabrications». Une réponse aux multiples incidents (notamment l’histoire de la cuve de l’EPR de Flamanville-3) qui ont émaillé les fabrications dans les dernières années dans les usines du fabricant nucléaire.
Renforcer les compétences
Deuxième axe de travail mis en avant par EDF, le renforcement des compétences. Le groupe consolidera les démarches engagées par la filière aux côtés du GIFEN (Groupement français des industriels de la filière de l’énergie nucléaire) avec la création d’une université des métiers du nucléaire dédiée. Par ailleurs, sera créé un outil de gestion des savoirs (knowledge management) afin de capitaliser sur la connaissance et pour la diffuser dans les centres d’ingénierie d’EDF. En outre, au sein de la filière et d’EDF, seront mis en place des parcours croisés ainsi qu’entre les métiers de la fabrication, de la construction et de l’exploitation. Enfin, conséquence directe des malfaçons sur les soudures de plusieurs équipements de l’EPR de Flamanville-3, «la filière nucléaire mettra en place un plan spécifique pour le recrutement et la formation de soudeurs dont la qualification répondra au niveau d’exigence du secteur», affirme le groupe.
Renforcer la gouvernance
Dernier axe de travail, le renforcement de la gouvernance des grands projets nucléaires.
Première décision, pour chaque grand projet, le PDG d’EDF présidera un comité stratégique chargé de valider les données initiales du projet, de définir ses objectifs, ses coûts et ses délais, d’en valider les engagements financiers et d’approuver les principaux contrats. Le conseil d’administration sera tenu informé régulièrement de l’avancement de ces grands projets.
Pour Jean-Bernard Lévy, ce «plan Excell doit permettre de créer les conditions d’un regain de confiance dans la filière nucléaire française et de répondre aux difficultés décrites dans le rapport de Jean-Martin Folz. Notre objectif est de permettre au nucléaire, énergie neutre en carbone, de continuer de jouer pleinement son rôle dans la lutte contre le changement climatique». Excell doit surtout permettre aussi au PDG d’EDF de présenter, comme prévu d’ici à 2021, un plan de relance de construction de réacteurs nucléaires pour remplacer certaines tranches existantes, dès 2035.
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