Face à un environnement extrême, certains animaux ont développé des mécanismes de survie uniques. Ces derniers nous donnent un aperçu d’applications potentielles pour la santé humaine. Que ce soit en Afrique, en Asie du Sud ou encore en Australie, les pythons peuvent croître jusqu’à une longueur totale de 6 mètres ! Mais leur « super-pouvoir » ne se trouve pas là. En effet, ils sont capables de jeûner pendant de longues périodes, avant de se nourrir énormément à la moindre opportunité. Même si cette opportunité prend la forme d’un cerf entier ! Pour parvenir à digérer une telle quantité de nourriture, le cœur des pythons s’adapte : il gagne en masse, son débit augmente et sa fréquence de battements va jusqu’à doubler. Deux semaines après un repas, la digestion du python prend fin et tous ses systèmes retournent à la normale. Seul lui reste un organe cardiaque légèrement plus gros et puissant qu’auparavant…
Des pythons royaux au grand cœur
Le cas des pythons a fait de l’œil à Claudia Crocini et son équipe de recherche de l’université du Colorado à Boulder (États-Unis). Son idée étant d’étudier le fonctionnement du cœur de pythons gavés afin d’utiliser ces nouvelles connaissances en vue de la mise au point de traitements plus efficaces chez l’humain. Rien que la fibrose cardiaque (traduite par un épaississement du tissu entourant le cœur), qui survient des suites d’une agression – un infarctus du myocarde par exemple – et peut mener à une insuffisance cardiaque, compte parmi les premières causes de morbi-mortalité dans le monde. La recherche effectuée par l’équipe américaine, présentée plus en détail dans le journal PNAS du 19 août 2024, portait sur des spécimens de pythons royaux (Python regius).
Après 28 jours de diète, une partie des individus était nourrie à hauteur de 25 % de leur masse corporelle avant d’être comparée à leurs homologues encore à jeun. Après 24 heures, les animaux repus présentaient une masse cardiaque 24,5 % plus importante, des myofibrilles (de petites fibres contractiles au sein des fibres musculaires) ramollies et 50 % plus fortes, ainsi qu’un métabolisme boosté par 40 et aidé par toute une collection de gènes spécialisés. D’autres analyses sont nécessaires pour déterminer précisément la nature et la fonction des différents gènes et métabolites impliqués, mais l’étude actuelle suggère déjà que certains d’entre eux pousseraient le cœur à brûler de la graisse plutôt que du sucre. Pour en savoir davantage, il faudra encore patienter…
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