Voilà un résultat stupéfiant : des vers à qui l’on a coupé la tête ont été capables de faire appel à des connaissances acquises avant leur décapitation. Cette observation a été rendue possible par un nouveau protocole d’étude établi par une équipe de l’université de Tufts dans le Massachussets.
Pour prouver qu’un souvenir peut être conservé malgré la décapitation, les chercheurs ont tout simplement appris une compétence au ver. Cela a consisté à les placer dans un environnement particulier, des dodécaèdres avec un sol rugueux et des parois en plastique et en métal. Les vers vivant dans cet environnement spécifique y ont été nourris en déposant leur plat préféré au centre de la boite sous une lumière vive.
Des conditions naturellement hostiles pour ces vers qui ont dû vaincre leur peur pour manger. Une fois les vers entraînés, ils étaient retirés de la boite pendant deux semaines, durée correspondant au temps mis pour que leur tête repousse. Au bout de 14 jours, les vers étaient à nouveau introduits dans le dodécaèdre pour vérifier que le souvenir persistait bien. Ce fut le cas puisque les vers préalablement plongés dans la boite retrouvaient leur nourriture plus vite que des vers en contact avec cet environnement pour la première fois.
Ayant l’assurance qu’un souvenir durait plus de deux semaines, les chercheurs ont alors décapités les vers. Une fois leur tête à nouveau au bout de leur corps, ils ont été replongés en milieu hostile. Leur première incursion fut peu probante, leur capacité à trouver leur nourriture étant à peine supérieure à celle de vers non entraînés. Cependant, leur deuxième plongée dans la boite révéla des performances identiques à celles d’avant la décapitation.
Preuve est faite qu’on peut perdre la tête mais pas ses souvenirs !
Une expérience intrigante qui montre que les souvenirs ne sont pas stockés exclusivement dans le cerveau. Les auteurs de l’étude proposent comme explication que le savoir acquis pourrait être inscrit dans les néoblastes, les cellules souches utilisées pour recréer la partie du corps sectionnée.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique