Le groupe chinois Sinovel spécialisé dans l’éolien a été condamné mercredi dernier par la justice américaine pour vol d’une technologie de pointe à la compagnie américaine AMSC, connue anciennement sous le nom d’American Superconductor Inc. L’espionnage industriel n’épargne pas le secteur des énergies renouvelables, un marché en croissance où les technologies innovantes se multiplient. Pire, ce phénomène n’améliore guère des relations commerciales déjà tendues entre Washington et Pékin.
Un software à 800 millions de dollars
Le Department of Justice a confirmé la décision du tribunal du Wisconsin en expliquant : « AMSC a développé un logiciel qui régule le flux d’électricité des éoliennes au réseau électrique. Comme cela a été prouvé lors du procès, Sinovel a volé à AMSC sa technologie afin de produire ses propres turbines améliorées par la propriété intellectuelle volée ». Sinovel était l’un des principaux clients d’AMSC. Selon le DoJ, le groupe chinois aurait convaincu le chef du département d’automatisation d’AMSC Windtec, un certain Dejan Karabasevic, de quitter son employeur pour le rejoindre, en téléchargeant au passage secrètement le code source PM3000 du software en question. Puis Sinovel aurait rompu ses relations commerciales avec AMSC. L’ingénieur a depuis déjà été condamné en Autriche à trois ans de prison, dont un an ferme.
Cette condamnation ouvre la voie à un dédommagement que la compagnie américaine à estimé à 100 M$ pour les produits et services déjà livrés, et 700 M$ pour les projets qui étaient en cours, soit un total de 800 M$. La Bourse a applaudi en appréciant de 24% l’action AMSC, mais cela n’efface pas la perte capitalistique évaluée à 1 milliard de dollars, ni les doutes qui subsistent sur sa capacité à recouvrir lesdites sommes. En effet, il y a fort à parier que Sinovel va tout faire pour échapper à l’indemnisation et peu d’espoir de demander le concours de Pékin sur ce dossier.
Relations bilatérales tendues
En effet, la décision de la justice américaine intervient la même semaine que celle de Donald Trump de taxer les importations de panneaux solaires à 30%. Une mesure qui s’applique à tous les modules solaires étrangers (y compris européens) mais qui vise officiellement les produits venus de Chine. Le président américain reproche au gouvernement chinois de favoriser ses entreprises et d’organiser une concurrence déloyale, ce qui aurait permis au pays de voir passer sa part de la production mondiale de cellules solaires passée de 7 à 61% entre 2005 et 2012. L’Empire du Milieu représente aujourd’hui 60% des panneaux et 71% cellules photovoltaïques vendus dans le monde. L’espionnage industriel concerne aussi la technologie solaire. En octobre 2011, c’est Westinghouse Solar qui portait plainte contre le chinois Zep Solar pour vol de brevets.
Romain Chicheportiche
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