Un extrait de « Réacteurs à eau ordinaire sous pression : le projet EPR », par Jean-Pierre PY & Michel YVON
En 2007, la construction d’un premier réacteur (Projet Olkiluoto 3) basé sur le modèle de l’EPR a débuté en Finlande tandis qu’en France, un décret autorisait la création d’un second (Flamanville 3).
Parce qu’elle n’émet pas de gaz à effet de serre et qu’elle se révèle économique, l’énergie nucléaire avait en effet été considérée comme une réponse apportée à la problématique du réchauffement climatique. Cependant, après l’accident de Tchernobyl survenu en 2003, renforcer les dispositions prises sur les réacteurs et prendre en compte la possibilité de situations de danger est apparu nécessaire. C’est ainsi que le futur EPR 3 a été envisagé pour répondre aux conditions de sûreté exigées par la France et l’Allemagne. Même avec un cœur dégradé, voire une fusion du combustible, les conséquences pour l’environnement devaient rester limitées.
Des conditions générales avaient par ailleurs été spécifiées dans l’objectif de construire à l’identique des centrales sur d’autres sites.
Sûreté et compétitivité
Cependant, à la sécurité et la préservation de l’environnement, la conception de l’EPR devait ajouter des coûts de production d’électricité compétitifs par rapport à ceux des autres sources d’énergie, tout en satisfaisant les différents besoins des électriciens français et allemands. Cette équation complexe a nécessité des choix techniques impliquant la standardisation de certains équipements, une disponibilité élevée et de faibles coûts de cycle du combustible. Le tout devait supporter une puissance électrique élevée, adaptée à des pays industrialisés équipés de réseaux interconnectés puissants et largement utilisateurs d’énergie nucléaire.
De l’EPR à l’EPR 3
S’alignant sur les installations les plus modernes précédentes construites et exploitées en France et en Allemagne, le réacteur à eau ordinaire sous pression de conception évolutive est apparu comme le meilleur choix pour équiper les futurs sites. Il permettait en effet de bénéficier d’une technologie éprouvée tout en intégrant les enseignements du retour d’expérience s’appuyant sur près d’une centaine de réacteurs déjà construits.
Des dispositions facilitant les actions de contrôle et de maintenance préventive avaient également été prévues dès la conception pour limiter la durée des arrêts pour rechargement.
En termes de sécurité, la stratégie prévoyait l’amélioration des mesures de prévention des accidents, mais également la limitation des rejets radioactifs en cas de survenue d’un accident, quelle qu’en serait la nature. Enfin, la possibilité d’une agression d’origine externe, par exemple par la chute d’un avion, a aussi été prise en compte.
Les systèmes de sauvegarde choisis répondaient eux-mêmes à deux principes, celui de la simplicité en occupant une seule fonction principale, et l’enjeu du secours mutuel, chaque fonction pouvant pallier une autre en cas de défaillance.
En 2007, par ses caractéristiques novatrices, l’EPR 3 a donc été considéré comme le mieux placé pour maintenir l’option nucléaire ouverte à l’horizon 2020, conformément à la politique énergétique de la France. Il devait permettre ainsi le renouvellement des centrales nucléaires françaises. À ce stade, il constituait une référence pour la construction de nouvelles centrales nucléaires de la troisième génération.
Flamanville 3 au défi
L’EPR de Flamanville aurait dû être mis en service en 2012, mais a été largement retardé. En effet, de nombreux incidents ont été constatés, notamment des fissures dans le béton dès 2008, des anomalies sur la cuve et son couvercle en 2015, ou encore des soudures défectueuses nécessitant des réparations complexes. De même, la complexité et l’ampleur du projet ont été sous-estimées, conduisant à des révisions successives du calendrier et du budget.
Par ailleurs, aucun nouveau réacteur n’ayant été construit en France durant des années, la perte de compétences a significativement impacté la qualité et l’efficacité de la réalisation du projet.
Enfin, la réglementation a évolué pendant la période de construction, notamment s’agissant des normes de sûreté, renforcées après l’accident de Fuskushima en 2011.
Malgré l’augmentation significative du coût du projet et les nombreux défis qui ont dû être relevés, l’Autorité de sûreté nucléaire a autorisé la mise en service de l’EPR de Flamanville en mai 2024, et le réacteur a commencé à produire de l’électricité en septembre 2024.
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« Réacteurs à eau ordinaire sous pression : le projet EPR », par Jean-Pierre PY & Michel YVON
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