Décryptage

EPR de Flamanville : la cuve serait conforme !

Posté le 30 juin 2017
par Matthieu Combe
dans Énergie

L'Agence de sûreté nucléaire (ASN) a rendu son avis provisoire concernant la qualité de la cuve de l'EPR de Flamanville. Finalement, elle estime la cuve conforme, mais impose à EDF des contrôles renforcés et le remplacement du couvercle au plus tard en 2024. Son jugement final est prévu pour octobre, après une consultation publique.

« L’ASN considère que les caractéristiques mécaniques du fond et du couvercle de la cuve sont suffisantes au regard des sollicitations auxquelles ces pièces sont soumises, y compris en cas d’accident », fait finalement savoir l’ASN sur ce dossier rendu public en avril 2015. Soit neuf ans après la fabrication des pièces incriminées.

Areva, constructeur de la cuve, et EDF, exploitant de la centrale, peuvent être soulagés suite à cette première étape. La cuve serait donc suffisamment résistante malgré ses défauts de fabrication. Pour arriver à cette position, le gendarme du nucléaire s’est appuyé sur l’analyse des dossiers transmis par Areva et EDF, le rapport technique rédigé par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), et  l’avis de son groupe permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaire (GP-ESPN). Ce dernier groupe avait réuni lundi et mardi ses 31 experts.

Un fond à surveiller, un couvercle à changer d’ici 2024

L’ASN relève néanmoins « une diminution des marges vis-à-vis du risque de rupture brutale ». Elle somme donc EDF d’appliquer « des contrôles périodiques » sur le fond de la cuve « afin de s’assurer de l’absence d’apparition ultérieure de défauts ».

Mais ces contrôles seraient plus compliqués sur le couvercle, en raison des centaines de trous et conduits qui l’équipent. Dans ces conditions, l’ASN n’impose pas de contrôles complémentaires à EDF sur le couvercle. En revanche, elle somme EDF de le changer d’ici fin 2024. Pourquoi un tel délai ? Est-ce pour des raisons de sûreté ? Non. Il s’agit tout simplement de laisser le temps à l’énergéticien de commander un nouveau couvercle, puisque l’ASN estime que « la fabrication d’un nouveau couvercle  prendrait de l’ordre de sept ans ». Une décision qui va donc dans l’intérêt économique d’EDF qui pourra exploiter son réacteur de 1650 mégawatts en attendant.

Et maintenant ?

Le projet d’avis de l’ASN sera mis à la consultation du public dans les prochains jours jusqu’en septembre 2017. L’agence fait savoir qu’elle consultera aussi le Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques. Son avis final sera rendu à l’issue de ces consultations en octobre 2017. Le débat sur la conformité de l’acier de la cuve n’est pas donc pas terminé.

Si son avis final est favorable, il restera à la cuve une ultime étape à franchir. Son circuit primaire principal devra en effet subir une épreuve hydraulique d’ensemble. Si tout est en ordre, EDF pourra démarrer son réacteur, comme prévu, fin 2018 pour une mise en service commerciale en 2019. Mais surtout, EDF pourra finaliser le rachat du groupe Areva NP, l’activité réacteurs du géant du nucléaire. La Commission européenne avait conditionné cette opération au feu vert de l’ASN sur la conformité de la cuve.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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