Un collectif de 15 associations et organisations de pêcheurs ont déposé plainte le 13 juin auprès de la Comission européenne contre les 9 projets d'éolien offshore sur la façade Manche-Atlantique. Pendant ce temps, les projets avancent malgré les recours.
Dans un communiqué, le collectif estime que tous ces projets sont « en contradiction avec les politiques de protection de l’environnement marin ». Les éoliennes mèneraient inexorablement à la « destruction des habitats et espèces protégées ». «Des centaines d’éoliennes vont constituer une barrière aux oiseaux migrateurs et industrialiser un littoral dont l’économie est basée sur la pêche et le tourisme », ajoutent-ils. Selon eux, ces éoliennes menaceraient aussi « des dizaines de milliers […] dans la pêche maritime côtière et l’activité touristique littorale ».
Cette destruction a pourtant un prix élevé. Le collectif dénonce des prix « exorbitants » : de 220 € à 227 €/MWh hors raccordement, nécessitant la construction de centrales à gaz pour contrer leur intermittence. A cela s’ajouterait une « parodie de concertation démocratique ».
La plainte vise l’ensemble des 9 projets sur la façade Manche-Atlantique. Si aucun chantier n’a encore commencé, quatre appels d’offres lancé par le Gouvernement Hollande ont déjà permis de lancer la planification de 8 parcs éoliens offshore, pour une puissance totale de plus de 3.000 MW. Le dernier projet résulte d’un appel à projets lancé par l’ADEME.
Quatre parcs pour le premier appel d’offre en 2012
En 2012, le consortium Eolien Maritime France porté par EDF Energies Nouvelles a remporté trois champs : les 480 MW du banc de Guérande de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), les 450 MW de Courseulles-sur-Mer (Calvados) et les 498 MW du Fécamp (Seine-Maritime). Pour l’occasion, EDF Energies Nouvelles s’est associé à Enbridge et WPD Offshore pour installer l’éolienne de 6 MW de General Electric (ex-Alstom). Ces parcs entreront progressivement en service entre 2021 et 2023.
« Les autorisations obtenues pour nos parcs éoliens en mer français au titre de la Loi sur l’eau font actuellement l’objet de recours qui retardent le démarrage des travaux. Pour chaque projet, le calendrier de réalisation sera réactualisé en fonction de la date du jugement de ces recours » fait savoir EDF Energies Nouvelles. Bonnes nouvelles pour l’énergéticien: le dernier recours lancé par les associations de défense de l’environnement contre le parc du de Fécamp a été rejeté le 21 juin par la cour administrative d’appel de Nantes. Le 28 juillet, le même tribunal a rejeté le dernier recours contre le parc de Saint-Nazaire. Reste un ultime recours contre le parc de Courseulles-sur-Mer sur lequel la cour devrait prochainement se prononcer.
Le premier appel d’offres a aussi attribué le champs de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) au consortium Ailes Marines SAS, porté par l’énergéticien espagnol Iberdrola et son allié Areva. L’installation de 100 éoliennes de 5 MW devrait commencer en 2018, jusqu’en 2020.
EDF Energies nouvelles et GE avancent !
En attendant la fin des recours, EDF Energies Nouvelles se prépare. « Nous sommes aujourd’hui en phase de négociation avancée avec les industriels en compétition qui ont remis leurs offres pour les principaux appels d’offres : sous-stations électriques en mer, installation en mer, câbles et fondations », fait savoir l’entreprise.
Aussi, la première pierre de l’usine de fabrication de pales d’éoliennes de LM Wind Power / General Electric a été posée le 23 mars 2017 sur le port de Cherbourg. Elle permettra de produire à partir de 2018 les mats des éoliennes et les plus grandes pales du monde, jusqu’à 88,4 mètres. 550 emplois sont prévus à la clé. Au-delà des trois projets français dont GE est partenaire, l’usine de Cherbourg souhaite tirer parti de sa position géographique afin de fournir les projets éoliens en mer actuellement en développement au Royaume-Uni et en Europe du Nord.
Dans le même temps, les deux usines d’assemblage de nacelles et d’alternateurs de GE à Saint-Nazaire produisent déjà. Dans ces deux usines, GE fabriquera les alternateurs et les nacelles des éoliennes des trois parcs. En attendant le début des travaux en mer, les usines fabriquent actuellement les 66 éoliennes qui seront installées sur le parc éolien en mer de Merkur en Allemagne.
Deux parcs pour le deuxième appel d’offre en 2014
En mai 2014, c’est le consortium réunissant Engie (ex GDF-Suez) et Areva qui a remporté les deux champs éoliens présents dans le deuxième appel d’offre du Gouvernement. Le premier, de 496 MW, est prévu au large du Tréport (Seine-Maritime). Le second, de 496 MW, se dressera en Atlantique, entre l’île d’Yeu et Noirmoutier. La construction de ces deux parcs comprenant chacun 62 éoliennes de 8 MW devraient s’échelonner de 2019 à 2021 pour le premier et de 2021 à 2023 pour le second.
Des demandes d’autorisations administratives ont été déposées cette année par les sociétés. L’enquête publique à venir sera certainement rythmée par plusieurs nouveaux recours.
Trois autres projets lancés en 2016
En avril 2016, Ségolène Royal a lancé un troisième appel d’offres pour l’implantation d’éoliennes en mer au large de Dunkerque. Pas de calendrier précis, pas de puissance définie pour le moment : les lauréats devraient être annoncés début 2018. En novembre 2016, un autre appel d’offres a été lancé pour l’île d’Oléron (Charente-Maritime) pour une mise en service d’ici 2023. Les lauréats ne sont pas non plus connus.
Enfin, au large de l’île de Groix (Morbihan) est mené un projet de ferme pilote d’éoliennes flottantes. Il est porté par CGN Europe Energy et des partenaires industriels français, en réponse à un appel à projets lancé en août 2015 par l’ADEME. La ferme pilote sera composée de quatre éoliennes de 6 MW, ancrées à 15km de la côte la plus proche. Celles-ci devraient être installées en 2019 pour une mise en service en 2020.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), feuille de route de la transition énergétique française prévoit 3.000 MW d’éolien en mer posé d’ici 2023. Entre 500 MW et 6.000 MW supplémentaires pourraient être prévus en fonction des concertations sur les zones propices, du retour d’expérience de la mise en oeuvre des premiers projets et sous condition de prix.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
La France dont l’électricité est déjà décarbonée à 90 % n’a absolument pas besoin des ces éoliennes off-shore qui vont produire du MWh à 220 € pour remplacer du nucléaire et de l’hydraulique bien moins coûteux.
Les côtes françaises n’ont pas de fonds plats et peu profonds comme celle de la mer du nord et de la Baltique ce qui explique ces coûts délirants.
bonjour
se pose, outre la pollution visuelle, le problème de la pollution aux métaux lourds, notamment à l’aluminium, du fait des anodes installées sous l’eau…
un scandale dont personne ne parle, mais dont les allemands se rendent compte maintenant…
l’industrialisation de nos belles côtes… tout un programme! et ce sera irréversible!
Vous avez dit « pharaonique »? Ce serait insulter les Egyptiens de l’antiquité qui, eux, ne gaspillaient pas les ressources naturelles. 8 parcs éoliens pour une puissance nominale de 3000MWh (chiffre qui ne tient évidemment pas compte de l’intermittence de l’électricité produite, et donc des centrales thermiques qu’il faudra construire à coté…): une seule centrale nucléaire fournirait la même puissance de manière continue et en utilisant une bien plus petite surface.
http://www.solidariteetprogres.org/mix-centpourcent-EnR-utopie-suicidaire
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