Les 28 et 29 juin dernier, se tenait à Madrid le colloque de l’Association des entrepreneurs de l’éolien, réunissant tous les acteurs européens du secteur. Une conférence pour faire le point sur les marchés porteurs à l’international, mais aussi sur la montée en puissance des acteurs chinois. Les entreprises européennes, leaders du secteur, entendent bien le rester.
Après l’Europe, le monde
L’énergie éolienne est désormais une énergie significative en Europe. Fin 2015, près de 142 000 MW éoliens étaient installés sur le Vieux continent contre quasiment rien il y a 15 ans. Le vent couvre désormais plus de 11% de la demande électrique et le secteur emploie 255 000 personnes. Une prouesse permise par une politique pro-énergies renouvelables élaborée par l’Union européenne et appliquée avec plus ou moins de volonté selon les Etats-membres. Ainsi, l’Allemagne caracole en tête avec un parc éolien de 45 GW, suivi de l’Espagne (23 GW), le Royaume-Uni (14 GW) et la France (10 GW).
L’essentiel de ces capacités est installé sur terre mais la multiplication des problématiques foncières, militaires et d’acceptabilité ont poussé les développeurs à s’intéresser à l’offshore. C’est le nouveau défi technologique auquel s’est attaqué l’industrie éolienne. Là-encore, l’Allemagne et le Royaume-Uni font office de précurseurs. La France elle aussi a pris le train en marche en attribuant, par appel d’offres, 6 parcs éoliens en mer (cumulant 3 000 MW) dont la mise en service est prévue pour 2021.
En attendant le retour d’expérience de ces premiers parcs éoliens marins, les spécialistes du secteur sont allés chercher de nouveaux relais de croissance à l’étranger, suite à la baisse des subventions européennes pour les installations à terre. Les marchés mexicain, brésilien, nord-américain et indien font office d’El Dorado grâce à des conditions naturelles propices et un cadre réglementaire incitatif. Ainsi le Mexique, invité d’honneur de la conférence madrilène, et historiquement pays pétrolier, a entamé une véritable transition énergétique. Le gouvernement s’est fixé des objectifs ambitieux en matière d’éolien : 9 500 MW installés en 2018, soit 25% du mix électrique ! Mexico espère dépasser la barre des 30% en 2021 pour plafonner autour de 36% à partir de 2024. « Il y a des règles transparente et une bonne visibilité. Tout est réuni pour que le Mexique réussisse son pari », se félicite Félix Núñez, president d’Aldesa Industrial.
Concentration
Pour attaquer ces nouveaux marchés, les acteurs européens de l’éolien se sont rapprochés. En l’espace de quelques mois, le secteur a vu se multiplier les opérations de fusions/acquisitions : l’Allemand Nordex qui rachète l’Espagnol Acciona, le mariage officialisé en juin entre Siemens et Gamesa et enfin le rachat par General Electrics du fleuron industriel français Alstom. « Il s’agit d’un mouvement (de concentration) naturel qui correspond à un certain state de maturité du secteur. Nos besoins d’investissement et de R&D vont aller grandissant, nous avons donc besoin d’être plus fort », indique Ricardo Chocarro, directeur de Gamesa pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Une stratégie de renforcement accélérée par la montée en puissance des acteurs chinois. Ainsi l’année dernière, pour la première fois, une compagnie chinoise, Goldwind, est devenu le premier installateur mondial de turbines éoliennes. Une performance permise par un marché domestique fabuleux. « Jusqu’à maintenant, leur marché local leur suffisait, mais cela ne va sans doute pas durer », conclue Pablo Finkielstein, directeur de la division éolienne et renouvelables de Siemens.
Par Romain Chicheportiche, à Madrid
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