Presque toutes les entreprises lancent des programmes de transformation pour renforcer leur compétitivité et assurer leur pérennité à moyen-terme. Ces programmes sont souvent portés par des PDG convaincus de leur intérêt. Et pour cause : les marques ayant un engagement démontré en matière de durabilité avaient une croissance quatre fois plus rapide que les autres en 2015, selon le rapport Global Corporate Sustainability 2015 de Nielsen. Mais selon une étude récente de Bain & Company, les objectifs définis par les entreprises ne sont que trop rarement atteints.
Ainsi, seulement 12% des entreprises interrogées déclarent atteindre leurs objectifs, tous changements confondus. Concernant les programmes liés à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), les résultats sont encore plus alarmants : seulement 2% des entreprises déclarent atteindre leurs objectifs de durabilité. Et 16% estiment avoir produit moins de la moitié des résultats escomptés. Il y aurait une raison principale à cela : les entreprises ne parviennent pas à engager leurs salariés dans les processus de transformation. Le haut de la hiérarchie négligerait trop souvent les difficultés rencontrées par les employés lorsqu’il définit de nouvelles approches. « Si les employés se sentent obligés de choisir entre des objectifs de durabilité et des objectifs commerciaux, par exemple, la plupart choisissent les objectifs commerciaux », affirme Bain & Company dans son rapport.
Et si l’on engageait les salariés ?
Pour 62% des sondés, l’intérêt principal de la RSE est simplement d’améliorer la réputation de l’entreprise. Ce qui explique qu’elle ne constitue pas une priorité pour les salariés. 25% des entreprises considèrent que la principale barrière à la réussite d’une stratégie de RSE est le manque d’investissement ou de ressources. 15% pensent qu’il y a des priorités plus importantes. 11% déclarent que la culture du changement est insuffisante et 10% qu’il y a trop d’obstacles organisationnels liés à la structure hiérarchique ou la prise de décision.
Pour réussir à engager les salariés, le haut de la hiérarchie doit être mobilisé. 27% des sondés considèrent ainsi que le soutien de la part des cadres supérieurs est le facteur capital pour atteindre les objectifs. 11% placent l’intérêt et l’engagement des salariés en facteur prédominant. Mais c’est aussi toute l’organisation qu’il faut faire évoluer. En effet, peu de sociétés assurent la durabilité dans leurs processus, leurs systèmes de responsabilisation et leurs incitations, regrette Bain & Company. « Notre sondage a révélé que seulement 24% des employés sont tenus responsables des résultats obtenus en matière de durabilité de façon significative », note le cabinet.
Bain & Company a également interviewé les responsables en charge des questions de durabilité chez les entreprises reconnues pour leurs résultats, comme Nestlé ou Coca-Cola. Il en ressort que les entreprises qui atteignent leurs objectifs sont celles qui imposent aux managers des objectifs de durabilité à atteindre. Pour cela, elles peuvent, par exemple, lier le bonus annuel à des objectifs de durabilité ou ajouter des critères de durabilité pour les investissements.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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