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Décryptage

Entreprises recherchent développeurs polyglottes !

Posté le par Sophie Hoguin dans Informatique et Numérique

Nous sommes dans l’ère du développement informatique à la demande. La fonction prime sur les outils. Les développeurs sont libres de choisir les langages qu’ils pensent appropriés du moment que ça fonctionne, et que c’est évolutif, portable et interopérable. En toute logique, les profils polyglottes sont alors très recherchés.

Pendant longtemps, même si les développeurs ont pu étudier plusieurs langages lors de leur formation, le monde du travail leur demandait généralement de se spécialiser. Et puis l’Internet et la mobilité se sont développés. La numérisation des données et des process est entrée dans tous les secteurs d’activité. De nombreux nouveaux langages informatiques sont nés, pour la conception de nouveaux objets numériques liés au développement de l’Internet, de la téléphonie mobile, de l’IoT, d’applications dédiées etc. Les entreprises se sont mises à développer leur propre environnement, des « nuages personnalisés » pour partager leurs données en interne. Et l’accumulation de différentes fonctions et la demande de personnalisation ont logiquement donné lieu à la cohabitation de plusieurs langages informatiques au sein des entreprises.

Une étude commanditée par Cloud Foundry Foundation* et parue en août 2018 sur les langages informatiques les plus usités dans les entreprises souligne ce nouvel état de fait : de plus en plus d’entreprises emploient une stratégie polyglotte pour atteindre leurs objectifs. Pour les auteurs, c’est notamment la flexibilité des technologies liées au cloud qui a permis de se diriger vers une informatique plus flexible, portable et interopérable. Dans cet état d’esprit, les entreprises créent des équipes de développeurs polyglottes qui peuvent piocher dans le langage le plus adapté aux outils qui doivent être utilisés. Cette translation vers le polyglottisme transparaît aussi dans les offres d’emplois analysées par l’Apec : les profils recherchés doivent surtout être adaptables, capables d’apprendre de nouveaux langages. Mais, note cependant l’Apec ces annonces cachent parfois un objectif un peu différent : la constitution de viviers de spécialistes auxquels l’entreprise peut faire appel à la demande.

Polyglottes au quotidien ?

En réalité, le polyglottisme recouvre différentes réalités au sein de la population des développeurs. On trouve ainsi des polyglottes du quotidien qui travaillent avec plusieurs langages tous les jours. En 2013, le cabinet d’étude Forrester Research estimait qu’ils représentaient 4 développeurs sur 10. Mais on trouve aussi, surtout chez les développeurs seniors, des polyglottes au long terme qui travaillent avec plusieurs langages mais successivement dans leur carrière, accumulant ainsi les connaissances au fil des projets qu’ils ont pu mener. L’idée sous-jacente du polyglottisme, c’est que la programmation serait plus mature : chaque langage étant utilisé au mieux de son utilité. Pour certains, c’est aussi la preuve que le développeur dépasse un langage pour comprendre une ou des logiques sous-tendant la programmation et apporte alors une vision globale et généraliste qui permet d’optimiser les processus. Pour les employeurs, il y a parfois une dérive : voyant dans les polyglottes des personnes qui peuvent assurer à elles seules plusieurs postes. Attention, là, l’épuisement professionnel voire le burn-out peuvent surgir. Finalement, on est dans une sorte de transition où le marché du travail lui, répond qu’il veut des développeurs capables de porter un projet avec une vision holistique mais qu’il a aussi besoin de développeurs qui puissent soit coder dans plusieurs langages soit hyper-spécialisés et performants dans un ou deux seulement. En attendant, que le foisonnement de nouveaux langages se tassent et que quelques grands gagnants se stabilisent comme c’est déjà le cas pour Java, Javascript, Python ou C++, il est clair que le marché du travail pour les développeurs est en tension. Mais pas pour les candidats, surtout pour les entreprises qui ont du mal à trouver du personnel.

Un métier pour les jeunes, désertés par les jeunes

C’est là un paradoxe de ce métier : il demande d’être curieux, actif, adaptable, vif, toujours en train d’apprendre. Des qualités plutôt disponibles chez les jeunes ingénieurs. Pour autant, l’étude réalisée par le cabinet YouGov pour l’éditeur CA Technologies cet été et dont les conclusions ont été dévoilées à l’occasion de la journée mondiale des programmeurs le 13 septembre sont plutôt pessimistes : en France, le métier de développeur n’attire pas du tout les jeunes. Ils en ont toujours l’image d’un « geek » solitaire, codant plusieurs heures par jour, enfermé dans son programme et le métier ne fait rêver que 8 % des 15-34 ans. Alors qu’aujourd’hui le métier a évolué et offre de nombreux débouchés. Bien rémunéré, il fait appel de plus en plus à l’imagination, la créativité, et se pratique au sein d’une équipe, souvent en mode projet. La présence des femmes ne cesse de diminuer depuis 10 ans et cette étude semble indiquer que les raisons sont plus à chercher du côté de l’image véhiculée que par des différences de salaires ou des freins à l’entrée en formation ou à l’embauche.

Sophie Hoguin

*La Cloud Foundry Foundation est fondation à but non-lucratif créée pour soutenir et promouvoir la plateforme d’applications pour le Cloud (PaaS – plateforme en tant que service) open-source du même nom.

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