ENGIE est entrée au capital de la start-up américaine Upstream Tech spécialisée en gestion de l’eau, via son fonds d’investissement Engie New Ventures. Cet investissement aidera notamment ENGIE à optimiser son portefeuille mondial d’actifs hydroélectriques. Nous avons demandé à Sheeraz Haji, Senior Advisor pour Engie New Ventures et à Cécile Cordier de chez ENGIE de nous en dire plus.
ENGIE New Ventures (ENV) est le fonds d’investissement d’ENGIE dédié aux start-up innovantes dans le domaine des technologies climatiques.
Upstream Tech est une start-up SaaS[1] fondée en 2016, qui met les innovations technologiques au service de la gestion des ressources naturelles. Ses deux logiciels, HydroForecast et Lens, sont utilisés par des centaines d’entreprises, dont ENGIE.
Comment fonctionnent les deux logiciels Hydroforecast et Lens, développés par Upstream Tech ?
Sheeraz Haji : Hydroforecast se sert de l’IA pour prévoir des changements complexes au niveau des processus hydrologiques. C’est une solution utilisée par une centaine de clients et qui a déjà fait ses preuves. Elle est plus fiable que les autres, car ses prévisions ont été comparées avec celles d’autres fournisseurs, notamment par HydroQuébec.
Hydroforecast fournit des prévisions sur trois bases de temps : court terme (10 jours), moyen terme (90 jours à 1 an) et très long terme (75 ans).
L’autre logiciel s’appelle Lens. C’est une plate-forme de surveillance à distance qui a été développée afin de mettre à profit l’expérience acquise par Upstream Tech en traitement d’images satellites.
Lens est un logiciel « frontend », qui exploite les images fournies par les satellites de manière ergonomique, sans que l’utilisateur ait besoin d’être expert en imagerie satellite. C’est un outil d’aide à la décision qui permet de suivre la végétation, les forêts et la ressource en eau, etc.
Pourquoi ENGIE New Ventures a-t-elle investi dans Upstream Tech ?
Cécile Cordier : Upstream Tech est une start-up très dynamique et extrêmement pointue sur les sujets de modélisation mathématique et Big data, car les co-fondateurs d’Upstream Tech sont des experts en réseaux neuronaux.
Mais ils ont surtout une autre compétence, qui intéresse fortement ENGIE : une forte expertise en modélisation de la physique de l’hydrologie. La spécificité d’Upstream Tech est donc de savoir combiner des compétences mathématiques à des modélisations plus fondamentales basées sur le traitement d’un grand nombre d’images satellites.
Les deux outils développés par Upstream Tech, Hydroforecast et Lens, leur permettent de détecter différents phénomènes à partir d’images satellites : snow packs, phénomènes d’évaporation sur les océans, etc. Ils sont ainsi capables d’associer ces phénomènes physiques à des statistiques avancées. C’est ce qui nous intéressait, notamment pour la gestion de nos actifs hydrauliques.
ENGIE a commencé à travailler avec Upstream Tech, en tant que fournisseur de la solution Hydroforecast, il y a trois ans. Au fil du temps, nous avons eu envie d’aller plus loin dans cette collaboration afin d’explorer d’autres applications.
De quelle manière ENV investit-elle dans les start-up innovantes ?
Sheeraz Haji : Lorsqu’ENV investit dans une start-up, son but n’est pas d’en devenir un actionnaire majoritaire, car le montant des investissements est généralement compris entre 1 et 5 millions de dollars. Cela nous permet d’accompagner le développement de celles-ci, en étant impliqués dans le comité stratégique (le board), sans pour autant interférer dans la gestion.
Pour ENGIE, quelles sont les potentielles applications de ces technologies de prévision par IA ?
Sheeraz Haji : Les outils fournissant des prévisions fiables et précises sont d’une importance capitale dans l’anticipation des impacts du changement climatique.
Pour ENGIE, ces logiciels ont plusieurs applications. Premièrement, il y a la gestion des actifs : centrales hydroélectriques, prévisions des intempéries et des orages pour la protection des centrales solaires ou éoliennes, etc.
Deuxièmement, comme ENGIE gère une majorité d’actifs éoliens et solaires, nous avons aussi besoin de prévoir les quantités de vent et le taux d’ensoleillement sur les semaines à venir, dans le but d’anticiper la production d’énergie.
Cécile Cordier : Ce type de technologie nous permettra aussi, par exemple, de suivre la stabilité des berges de nos barrages sans envoyer d’équipe sur place, dans des zones difficiles d’accès. Chez ENGIE, nous sommes persuadés qu’il y a un fort potentiel de développement pour les solutions d’Upstream Tech et que beaucoup d’autres applications verront bientôt le jour.
[1] Software-as-a-Service
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