Le mois dernier, une fuite de l'Agence Reuters laissait penser que l'Union Européenne prévoyait d'investir 50 milliards d'euros dans les énergies vertes. Il y a trois semaines, le communiqué officiel de la Commission européenne a dévoilé une feuille de route pour l'investissement, sans toutefois accorder de budget. Pourtant, si l'UE veut être compétitive dans la course aux énergies vertes, elle doit mettre davantage l'accent sur l'investissement public. Explications.
Le mois dernier, une fuite de l’Agence Reuters laissait penser que l’Union Européenne prévoyait d’investir 50 milliards d’euros dans les énergies vertes. Il y a trois semaines, le communiqué officiel de la Commission européenne a dévoilé une feuille de route pour l’investissement, sans toutefois accorder de budget. Pourtant, si l’UE veut être compétitive dans la course aux énergies vertes, elle doit mettre davantage l’accent sur l’investissement public.Le Plan stratégique européen pour les technologies de l’énergie (SET) de la Commission européenne, qui été dévoilé mercredi 14 octobre, fixe néanmoins une feuille de route proactive pour la décennie à venir, à destination de l’UE, des Etats membres et du secteur privé.
Un défi pour l’UEDans ce rapport, la Commission européenne reconnaît que l’UE doit relever un vrai défi : réinventer son système énergétique. Le rôle du secteur public est primordial, explique-t-elle, dans la mesure où le marché est incapable, par lui-même, d’assurer une transition rapide vers une économie propre :« Les marchés et les entreprises énergétiques ne sont pas, seules, à même de fournir à court-terme le progrès technologique indispensable à l’Europe pour tenir ses objectif en matière d’énergie et de changement climatique… La seule voie crédible pour tenir nos objectifs, établis pour le bien public, est la collaboration entre les politiques publiques et le secteur privé. »Alors que la feuille de route plaide pour un investissement total de 50 milliards d’euros dans les 10 prochaines années, elle appelle le secteur privé à supporter près de 70 % du financement de la recherche non nucléaire et attribue les 30 % restant au secteur public au plan à la fois national et communautaire. Selon la Commission européenne : « En règle générale, le soutien public est d’autant plus nécessaire que les incertitudes technologiques sont grandes. »
Une opportunité pour le secteur privéOn note que le rapport décrit cet investissement comme une « opportunité » pour le secteur privé et un « fardeau » pour le secteur public. Mais quel que soit son nom, la capacité de l’UE à répondre aux objectifs exposés dans ce plan, dépend de l’investissement public. Ainsi que la Commission européenne le reconnaît elle-même, le secteur privé ne peut porter sur ses épaules l’incertitude, les risques et les défaillances du marché inhérents au premier stade de la R&D.Si la Commission Européenne, et donc l’UE, a sérieusement l’intention de devenir un leader mondial des énergies vertes et peut se permettre d’investir 50 milliards d’euros, elle doit reconsidérer, sinon inverser complètement, le ratio de l’investissement. L’UE, en tant qu’organe de gouvernance, doit non seulement mettre en place des politiques publiques qui ont pour but de favoriser l’investissement privé, mais elle doit aussi financer le processus.Le Plan témoigne néanmoins d’une position proactive de l’UE pour la transition vers une économie propre en rendant les énergies vertes bon marché et abondantes et, peut-être, en devenant un acteur majeur du secteur. Alors que les Etats-Unis débattent actuellement de la version du Sénat du projet de loi sur le climat et l’énergie, la feuille de route de la Commission européenne, qui reconnaît l’ampleur du défi technologique auquel le monde est confronté et le niveau d’investissements nécessaire, devrait servir d’exemple. Mais la course aux énergies vertes n’en passera pas moins pour les deux parties par une part accrue de l’investissement public, si elles veulent avancer de front avec la Chine.Source : The Breakthrough InstituteFraîchement diplômée en développement humain de l’université de Cornell aux Etats-Unis, Yael Borofsky est membre du Breakthrough Institute. En cette qualité, elle effectue des recherches et analyses sur la décarbonisation de l’énergie. Elle contribue régulièrement aux Breakthrough Blog, Breakthrough Generation, CleanTechnica et WattHead.
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