Le domaine du génie des procédés est peut-être plus que tous les autres soumis à des exigences d'amélioration du bilan énergétique. La faute à sa place tout en amont de la chaîne de production, qui le met en première ligne sur le front du combat pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Les procédés de production des biocarburants sont un bon exemple des réponses que peut apporter le génie des procédés dans cette quête de sobriété.
La réduction de la facture énergétique des procédés de transformation de la matière et des procédés énergétiques est une préoccupation importante aujourd’hui chez les industriels. Non seulement car elle est source de compétitivité, mais aussi parce que la pression écologique est plus forte que jamais.
En France, les industries des transports, des matériaux, et de l’énergie constituent des secteurs dont la croissance reste forte. Pour rester compétitifs, ces derniers doivent aujourd’hui construire des modèles industriels durables. Allègement des matériaux pour le transport, développement de procédés énergétiques plus efficaces, de batteries plus performantes, d’isolation plus efficace pour le tertiaire… Les axes d’améliorations sont nombreux, mais la problématique n’en reste pas moins complexe pour les entreprises, qui doivent faire évoluer leur mode de fonctionnement vers l’autonomie énergétique et la neutralité carbone, idéalement.
Au milieu de ça, le génie des procédés propose des solutions innovantes et très diversifiées qui permettent de solutionner certaines problématiques de sobriété énergétique. A plusieurs titres, le développement de procédés innovants de production de biocarburants fait partie de ces solutions.
Une volonté politique
Il y a quelques jours, le 20 février, le département américain de l’agriculture annonçait sa volonté de porter à 30% – contre 10% aujourd’hui – la part des biocarburants mélangée dans le pétrole brut d’ici à 2050. Une décision forte qui montre la montée en puissance inexorable des biocarburants pour le transport, dans un pays qui a pourtant tourné le dos aux accords de la COP21. En France également cet intérêt se matérialise très concrètement. Le 27 janvier dernier, la ministre de la Transition énergétique et solidaire, Elisabeth Borne, lançait un appel à manifestation d’intérêt pour la production de biocarburants pour l’aéronautique. Des géants français comme Total, Airbus, Safran et Suez planchent déjà sur les contours d’une filière française depuis plusieurs années. Les objectifs affichés – les biocarburants devront représenter 2% des carburants utilisés dans le transport aérien en France en 2023, puis 5% en 2030 – peuvent paraître modestes, mais un mouvement s’est enclenché.
Aujourd’hui, en France, la production de bioéthanol destiné à un usage carburant représente 3% de la surface agricole globale de céréales et de plantes sucrières.
3 biocarburants du futur
Les filières des biocarburants essence (Ethanol, ETBE, bioessence de synthèse, biocarburants de deuxième génération) et des biocarburants gazole (EMAG, biogazole de synthèse) ont ainsi émergé sur le territoire et continuent de se diversifier : les biocarburants du futur sont ainsi déjà en développement, et des procédés innovants font leur apparition.
Par exemple le Futurol, biocarburant issu d’un procédé biochimique de transformation de la biomasse, est arrivé l’année dernière sur les marchés. Ce biocarburant de seconde génération est le fruit de 10 années de développement.
Un autre projet, soutenu par le ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, concerne le développement par Total – et 5 autres partenaires – d’un procédé thermochimique de transformation de la biomasse puis de la synthèse Fischer Tropsch pour produire principalement un biogazole et un biokérosène de synthèse.
Enfin, un projet coordonné par Engie, Gaya, concentre ses efforts sur le développement d’un procédé de gazéification/méthanation pour produire un biocarburant gazeux.
Bien sûr, le développement et la mise sur le marché de ces biocarburants, qui permettent à l’industrie des transports de tendre vers un modèle plus écologique, ne sont qu’un facteur de sobriété énergétique parmi d’autres pour l’activité industrielle. Mais ils illustrent une tendance vers l’intégration de ces solutions dans le mix global. Et la possibilité de continuer à investir en recherche et développement pour mettre au point des procédés encore plus performants.
Par P.T
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