La Chine a marqué les esprits en 2015 en installant, sur cette seule année, 30 GW éoliens devenant ainsi le premier parc mondial avec 145 GW, sur les 432 GW au total dans le monde. Une performance d’autant plus grande que les objectifs du pays n’étaient « que » de 100 GW en 2015. Le parc photovoltaïque est plus modeste (54 GW), mais reste le plus puissant au monde devant l’Allemagne (près de 40 GW).
20% de pertes
Malgré ces capacités installées importantes, la Chine ne tire pas le meilleur parti de ses énergies renouvelables. Selon une étude de la National Energy Administration (NEA), près de 21% de la capacité de production éolienne du pays n’a pu être utilisée sur les six premiers mois de l’année 2016. Le photovoltaïque ne fait pas bien mieux : 19,7% de pertes en moyenne sur la même période dans les provinces de Gansu et du Xinjiang. L’institution publique explique cette sous-utilisation par un déficit manifeste d’échanges physiques entre les différents gestionnaires de réseaux de ce vaste pays. Une situation certes liée à l’insuffisance des lignes haute tension, mais pas seulement.
« De plus en plus, vous voyez des gouvernements locaux essayer de protéger leurs intérêts, ce qui signifie qu’ils ont tendance à acheter de l’énergie renouvelable produite sur leur territoire au lieu de l’importer », explique Patrick Dai, analyste chez Macquarie, à RechargeNews. Une logique clientéliste qui va jusqu’à faire démarrer des centrales thermique au charbon plutôt que de faire venir d’autres provinces de l’électricité propre cherchant un débouché. Une situation qui a poussé les autorités centrales à réagir.
Verticalité
Le gouvernement chinois est résolu à développer les échanges d’électricité verte entre provinces, quitte à redonner de la verticalité dans la politique énergétique. Une première directive impose aux GRT de contracter des volumes définis d’énergies renouvelables dans leur mix électrique. Une mesure qui devrait précéder une série d’autres. Ainsi, les gouvernements locaux devront faire le point annuellement sur leurs efforts à intégrer davantage d’Enr. Ils seront notés par Pékin et pourront faire l’objet de sanctions financières en cas d’échec. Concernant le volet technique des interconnexions, un mécanisme d’échange de certificats verts est actuellement à l’étude pour offrir un cadre réglementaire unique aux gestionnaires de réseau.
Le cas chinois montre qu’en matière de transition énergétique, les capacités installées ne sont qu’une brique, nécessaire mais pas suffisante, de l’édifice. La gestion des réseaux prend une place cruciale dans l’équation énergétique. Une problématique qui s’accentue à mesure que les Enr représentent une part toujours plus importante du mix électrique.
Romain Chicheportiche
Dans l'actualité
- Le solaire photovoltaïque plus performant que le pétrole (selon une méta-étude de l’Imperial College London)
- La Chine suspend la construction d’une trentaine de centrales charbon
- Deux éoliennes toutes les heures ont été installées en Chine durant l’année 2015
- « Responsabilité climatique » : une nouvelle méthodologie appliquée à la Chine
- Énergies renouvelables: un élan mondial à amplifier
- Présidentielles 2017: les Français s’intéressent aux énergies renouvelables
- Renouvelables : des objectifs durs à atteindre en 2018 !
- 720 milliards d’euros pour les ENR en Chine d’ici 2030
- Chine : Naissance du plus gros électricien mondial
- Les enjeux de l’OPA chinoise sur Energias de Portugal
- La première ferme d’hydroliennes fluviales est sur le Rhône
- Energies renouvelables : Et en même temps…
- Les ENR couvrent 22,7% de la consommation française
- Les énergies renouvelables vues par les Français
Dans les ressources documentaires