En France, la filière de la chimie du végétale commence tout juste à se construire. Elle offre de bonnes perspectives en matière de recrutement et d'embauches mais elle recherche aussi beaucoup de profils hautement qualifiés et transversaux.
La chimie a enregistré une forte baisse de ses emplois directs entre 2000 et 2010 (-54000). Depuis, l’emploi stagne ou augmente légèrement. Dans ce contexte, l’avènement d’une chimie du végétal fait naître de nombreux espoirs de relance des embauches dans le secteur avec, en parallèle, l’apparition de nouveaux métiers, ou plus exactement de nouvelles compétences.
Près de 15% des emplois directs
Dans une étude d’Alcimed pour l’Ademe datant de mai 2012, la chimie du végétal* représente quelques 23000 emplois directs et 63000 indirects. Soit près de 15% des effectifs globaux du secteur de la chimie et une participation de 10% aux emplois directs. L’évolution prospective prévue par cette étude était très favorable puisque à l’horizon 2020, les auteurs estimaient probable une augmentation de 50% des emplois directs (36000) pour le scénario médian. Reste que ces chiffres recouvrent des réalités, des postes et des carrières très hétérogènes car la chimie du végétal touche des secteurs et des marchés très divers : agro-industriels, chimistes, industries des biotechnologies travaillant pour la chimie de spécialité, la cosmétique, les matériaux ou encore l’énergie. Dans ce cadre, il est toujours délicat de construire et de trouver des statistiques vraiment fiables pour l’emploi ou l’économie et très difficile de prédire avec certitude les évolutions.
Trente-deux métiers stratégiques
Une étude réalisée par l’Apec en 2014 pour le compte du pôle de compétitivité Industries et Agro-ressources (IAR) et l’UIC Picardie Champagne-Ardenne, identifie 32 métiers stratégiques qui représentent donc un rôle clé pour la valeur ajoutée d’une entreprise à l’horizon 3-5 ans. Elle souligne particulièrement le besoin en compétences élevées de cette filière en construction.
Le secteur de la chimie présente déjà la particularité d’avoir un taux d’encadrement supérieur à la moyenne nationale du secteur privé (30% au lieu de 18%), mais la chimie du végétal accentue encore cette demande expliquent les auteurs de cette étude. Les qualifications de haut niveau étant attendues tant pour la R&D que pour le management d’installations industrielles. Quant aux professions non-cadres, on n’attend aussi qu’elles montent en compétences.
Mettre en place la transversalité
Plus que de nouveaux métiers ou de réelles nouvelles compétences, l’enjeu stratégique de la filière en matière d’emploi est celui de l’interdisciplinarité et de la transversalité. Car la chimie du végétale est une filière qui part de l’agricole jusqu’à des produits finis très divers. Il faut donc construire la production via un dialogue de toutes ces parties qui n’ont pas forcément l’habitude de communiquer et qui ont des parcours de formations souvent très distincts. La construction de la filière et de ses compétences repose sur une acculturation des uns et des autres. Un processus qui risque de prendre du temps.
Des compétences systémiques très attendues
L’ancrage de la chimie du végétal dans un souci de développement durable et son inscription dans une filière très complète (de l’agriculture à la gestion de la fin de vie) nécessite de faire appel à de nombreuses compétences de gestion et d’optimisation des systèmes tels que l’analyse du cycle de vie à la fois en amont (gestion des ressources primaires et secondaires – coproduits), pendant la production (optimisation des procédés, de la maintenance etc) et en aval (évaluation des impacts, prévision de la fin de vie, recyclage).
Manager l’innovation, anticiper les marchés
Autant les industriels semblent confiants dans la capacité du marché de l’emploi à leur fournir des ingénieurs et cadres compétents pour la R&D autant ils sont plus prudents sur les postes de management : en effet, la chimie en général et la chimie du végétal en particulier nécessite de faire appel à des managers ayant un socle de connaissances scientifiques solide tout en étant capables de piloter des projet, diriger des équipes et suivre l’ingénierie de l’innovation (financement, partenariat public-privé, brevets, licences) ainsi qu’en anticipant le marché (gestion des achats sur les filières parfois très volatilse du végétal, garantie des débouchés). Là encore, une nécessaire formation pluridisciplinaire à la fois scientifique et managériale est nécessaire et pas forcément très disponible.
Par Sophie Hoguin
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE