L’industrie cimentière représente 2,9% des émissions carbone en France
Avec une production hexagonale de 18 millions de tonnes de ciment par an et un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros, l’industrie cimentière représente 2,9% des émissions de CO2 en France. Une empreinte carbone importante pour un secteur qui ne compte qu’une quarantaine de sites industriels et qui s’explique par le caractère énergo-intensif de l’industrie ; l’énergie constitue 25 % du coût de la fabrication d’une tonne de ciment.
Néanmoins, grâce à des efforts pour une gestion plus écologique entrepris depuis 30 ans, le secteur a réduit de 40% ses rejets de CO2. La filière compte poursuivre sur cette lancée : la présidente du syndicat, Bénédicte de Bonnechose, a annoncé que le secteur convergera avec la stratégie très bas-carbone nationale pour atteindre une réduction de 80% des émissions carbones à l’horizon 2050, par rapport à 2016 (passant ainsi de 656 kg de co2/tonne de ciment à 130 kg de CO2/tonne de ciment entre 2016 et 2050).
Les différents leviers d’activation envisagés
Substitution des combustibles :
Une des stratégies d’ores et déjà employée par l’industrie cimentière consiste à remplacer des combustibles fossiles (le coke de pétrole, le charbon ou le fioul lourd) par des combustibles de substitution (huiles usées, plastiques ou déchets de bois non-recyclables, boue de station d’épuration…). En 2017, le taux de substitution des combustibles fossiles atteint 44% selon le SFIC. La filière vise un taux de 50% d’ici à 2025.
Nouveaux ciments moins polluants :
L’empreinte carbone des ciments est directement proportionnelle à leur teneur en clinker. Ce principal constituant hydraulique, résultant de la cuisson à haute température du calcaire et de l’argile, contribue à la résistance du ciment mais représente la principale source d’émission de gaz à effet de serre.
Une nouvelle génération de ciments à teneur réduites en clinker grâce à l’ajout de composés cimentaires (calcaire, le laitier de haut-fourneau, cendres volantes des centrales à charbon) va être commercialisée dans les 18 mois. Dans ces nouveaux ciments, CEM II/C-M et CEM VI, le taux de clinker sera de 60 % en moyenne pour les premiers et inférieur à 50 % pour les seconds. Grâce à ce procédé, les émissions peuvent être réduites de 35 à 65 % par rapport aux ciments existants. Les LC3 (Limestone calcined clay cement) permettront, eux, de réduire de 40 % les émissions de CO2 grâce à l’effet coopératif entre le métakaolin, le calcaire et le clinker. Ces ciments présentent une résistance physique supérieure à celle des ciments actuels.
Les technologies de rupture
Le but est de transformer les émissions de gaz à effet de serre en atout en travaillant à leur captation, leur stockage et à leur réutilisation via une économie circulaire. Le programme Recybéton lancé en 2012 permet par exemple de réutiliser les granulats et le sable recyclés comme matière première dans la production des liants hydrauliques. Le projet Oxyfuel consistera à concentrer le CO2 en utilisant le procédé de combustion de l’oxygène. Le projet FastCarb, lancé début 2018, quant à lui, vise le stockage du C02 dans les granulats de béton recyclés (carbonatation).
Ces projets exigent des investissements importants de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’euros par cimenterie. Un coût qui ne peut être éludé par le secteur qui doit faire face à deux enjeux majeurs : l’accroissement démographique associé à une urbanisation continue et l’urgence de la situation climatique.
Par Aliye Karasu
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