Logo ETI Quitter la lecture facile
électricité

En ce moment

Électricité : vers une surproduction en France ?

Posté le par Aliye Karasu dans Énergie

Le Haut-commissaire à l’Énergie atomique met en garde contre une possible surproduction d’électricité à l’horizon 2035. Celle-ci aboutirait à une offre excédentaire qui pourrait affecter la rentabilité des investissements massifs entrepris par la France ces dernières années dans le secteur des énergies renouvelables.

Dans un avis destiné à Matignon, Vincent Berger, Haut-commissaire à l’Énergie atomique, juge la stratégie énergétique du pays « trop ambitieuse ». Cet avis, consulté par le quotidien Les Échos, remet en question la PPE¹qui fixe la politique à mettre en place par toutes les filières du secteur énergétique. Cette politique se caractérise par une transformation profonde du mix énergétique de la France via la relance du nucléaire et le développement massif des énergies renouvelables.

Selon le haut-commissaire, « la stratégie volontariste de l’offre fait peser un risque de surproduction si les possibilités d’exportation ne sont pas au rendez-vous ». Cette perspective, qui se profile à l’horizon 2035, contraste avec les craintes de pénurie d’électricité des années précédentes.

Une offre qui dépasse la demande

En prévoyant pour 2035 une production d’électricité atteignant 692 TWh, les projections de la PPE sont pour le moins audacieuses au regard de la consommation d’électricité en France. En effet, même si en 2024 une très légère hausse de la consommation (+ 3 TWh) est observée par rapport à l’année précédente, la tendance est à la baisse, ces dernières années étant marquées par un repli structurel. La consommation française reste inférieure de 12,7 % à la moyenne des années 2014-2019. Pour Vincent Berger, cette politique énergétique est donc injustifiée du fait de la stagnation de la demande intérieure.

L’essor du photovoltaïque en cause

Le développement accéléré du photovoltaïque est la première cible de la critique formulée à l’égard de la PPE. Actuellement, la France prévoit une multiplication par cinq de la production d’électricité solaire en 2035. Selon le Haut-commissaire à l’Énergie atomique, une «revue à la baisse» de la croissance du photovoltaïque serait souhaitable pour atténuer le déséquilibre entre l’offre et la demande. Une mesure qui entrerait en conflit avec les objectifs européens qui prônent une accélération de l’intégration des énergies renouvelables.

Le caractère intermittent du photovoltaïque lié à sa dépendance aux conditions météorologiques et à l’ensoleillement peut provoquer des pics de production, notamment en été. La production est fluctuante et non ajustable en fonction des besoins, contrairement au nucléaire et à l’hydroélectricité. Ce surplus d’électricité risque de saturer et de déséquilibrer le réseau tandis que la demande n’évolue pas.

Exportation et flexibilité du réseau

Quels sont les leviers dont dispose la France pour faire face à une potentielle offre excédentaire ? Tout d’abord, l’un des moyens pour ajuster les flux de production repose sur l’exportation d’électricité vers les pays voisins. Celle-ci est portée par une forte demande extérieure. En 2024, sur les 536 TWh d’électricité produite, près de 101 TWh ont été exportés par la France ; un record historique qui ne fait que souligner que la production dépasse fortement les besoins nationaux. Cependant, sur le marché européen, les prix de l’électricité restent très volatils.

Ensuite, il reste l’optimisation de la gestion du stockage qui permettrait de réserver une partie des excédents lorsque la demande est faible. Le recours aux technologies de stockage par batteries ou aux STEP² peut être envisagé, même si l’installation de ces dernières est très coûteuse et contrainte géographiquement, car elle exige un terrain avec des écarts d’altitude.

Quels enjeux pour les acteurs de la filière ?

Une surproduction pourrait perturber économiquement le modèle énergétique français. En effet, la baisse des prix de l’électricité qui s’ensuivrait poserait la question de la rentabilité des futures infrastructures de production. La filière du photovoltaïque pourrait se retrouver en déficit, car ses infrastructures nécessitent des investissements lourds et des coûts d’entretiens élevés qui seraient difficilement rentables en cas de baisse des prix de l’électricité.


¹ Programmation pluriannuelle de l’énergie

² Stations de transfert d’énergie par pompage

Pour aller plus loin

Posté le par Aliye Karasu


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !